L'aviation syrienne a bombardé pour la première fois du conflit le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk à Damas, franchissant une nouvelle étape dans sa guerre pour chasser les rebelles de la capitale.

Après 21 mois de violences, le vice-président syrien Farouk el-Chareh a affirmé au quotidien libanais pro-syrien al-Akhbar que ni le régime, ni les rebelles n'étaient en mesure de l'emporter.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins huit civils ont été tués dans ce raid qui a visé, d'après des habitants, une mosquée où étaient réfugiés 600 déplacés.

Au moment où les violents combats, impliquant des Palestiniens, ont gagné Yarmouk, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé à l'arrêt immédiat des bombardements sur les camps, exhortant «toutes les parties belligérantes à épargner les Palestiniens».

L'aviation a également bombardé plusieurs quartiers du sud de Damas, le régime menant une vaste campagne militaire pour chasser les rebelles de la capitale et écraser leurs bases arrière dans la ceinture de la métropole.

A Yarmouk, le plus grand camp palestinien de Syrie, longtemps considéré comme une zone sûre pour les déplacés, «c'est vraiment la guerre maintenant», a affirmé un militant joint par l'AFP via internet.

Il a estimé que «le raid aérien (avait) eu lieu parce que l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) progressait dans le camp», faisant état de violents affrontements entre rebelles et combattants palestiniens du Front populaire de Libération de la Palestine d'Ahmad Jibril (FPLP-CG, pro-régime syrien).

Le FPLP-CG a répliqué dans un communiqué diffusé par la télévision d'Etat, affirmant avoir repoussé «les terroristes (qui) ont essayé de prendre les camps palestiniens», et qualifiant ces attaques de «plan américano-sioniste».

Yarmouk est situé à la lisière de la banlieue sud, depuis laquelle les rebelles tentent de progresser dans la capitale.

Les 500 000 Palestiniens de Syrie, restés un temps en dehors des affrontements qui déchirent le pays depuis mi-mzrs 2011, sont désormais entrés dans le conflit, malgré les appels du régime et d'organisations internationales à rester neutres.

Mais ils sont divisés sur la question, certains ayant même pris les armes dans les deux camps opposés: selon des militants, des membres du FPLP-CG combattent aux côtés de l'armée tandis que des membres du mouvement islamiste Hamas ont rejoint les rebelles à Damas et dans sa région.

«Guerre mondiale»

Alors que le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, dénonçait dimanche «une escalade terroriste aux abords de la capitale», le premier ministre Waël al-Halaqi a affirmé que son pays avançait «avec volonté et optimisme pour enfin (...) anéantir les bandes terroristes armées», selon l'agence officielle Sana.

«Dans le même temps, nous sommes ouverts à toutes les initiatives qui pourraient mettre fin à la crise, par le dialogue et les moyens politiques et pacifiques», a-t-il toutefois ajouté.

Le régime assimile rebelles et opposants à des «terroristes» et appelle régulièrement au dialogue, une option rejetée par l'opposition qui réclame au préalable le départ du président Assad.

De son côté, le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, fervent soutien de Damas, a estimé qu'Al-Qaïda était tombé dans un «piège» tendu par les Occidentaux et des pays arabes en allant se battre au côté des rebelles en Syrie, qui ne sont pas en mesure, selon lui, de l'emporter.

Au total, 119 personnes ont péri à travers le pays dimanche, selon un bilan provisoire de l'OSDH.

Parmi elles, 24 civils et huit rebelles ont trouvé la mort dans la région de Hama (centre) et 22 civils ont été tués dans la région d'Alep (nord), selon l'OSDH, qui a recensé plus de 43 000 morts depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire contre le régime devenue conflit armé.