La militante syrienne Fatima Saad serait morte sous la torture, rapporte dimanche la Ligue syrienne de défense des droits de l'Homme, alors que la famille de la victime dément ce décès. La ligue souligne par ailleurs que plus de 1125 personnes ont subi le même sort depuis le début il y a 19 mois d'une révolte devenue conflit armé en Syrie.

Une proche de la famille d'une jeune militante incarcérée en Syrie a démenti dimanche qu'elle soit morte sous la torture comme l'avait annoncé auparavant la Ligue syrienne de défense des droits de l'Homme.

«Sa soeur est décédée des suites d'un cancer, mais Fatima est toujours en vie», a indiqué cette proche de la famille sous le couvert de l'anonymat. «Elle est toujours en vie, bien que toujours en détention», a-t-elle précisé à l'AFP.

Fatima Saad, 22 ans, a succombé après avoir été torturée par les redoutables services de renseignements qui avaient saisi chez elle une caméra et le téléphone portable avec lesquels elle filmait des manifestations hostiles au régime, avait indiqué auparavant dans un communiqué la Ligue syrienne de défense des droits de l'Homme dans un communiqué. La Ligue a précisé à l'AFP que ces informations lui avaient été communiquées par des témoins.

Arrêtée fin juin par la Sûreté d'Etat dans la ville côtière de Lattaquié et ensuite transférée dans plusieurs unités des renseignements, la jeune fille avait dû subir une opération chirurgicale au foie après des tortures, a indiqué la Ligue syrienne des droits de l'Homme dans un communiqué.

Elle est décédée le 23 octobre, avait précisé la Ligue qui dénonce un «crime sauvage» qu'elle qualifie de «crime contre l'Humanité», en appelant à la justice internationale.

La Ligue exprime enfin «sa profonde inquiétude face au nombre élevé de victimes qui ont péri sous la torture dans les geôles du régime syrien - plus de 1125 victimes recensées à ce jour».

Alors que Damas a refusé de fournir un rapport au Comité contre la torture de l'ONU, plusieurs ONG, syriennes et internationales, ont estimé à plusieurs dizaines de milliers le nombre de détenus en Syrie, dénonçant leurs conditions d'incarcération et les tortures.

Human Rights Watch (HRW), qui parle d'un «archipel de la torture», affirme ainsi que les prisonniers sont maintenus «dans des positions de stress douloureuses sur de longues périodes», dénonçant également «le recours à l'électricité», «les brûlures à l'acide des batteries de voitures», «les agressions et humiliations sexuelles», «l'arrachage des ongles» et «les simulacres d'exécutions».