L'émissaire international Lakhdar Brahimi a souligné lundi devant le Conseil de sécurité qu'aucune issue n'était en vue en Syrie, où l'aviation et l'artillerie du régime ont pilonné des positions rebelles, tuant au moins sept enfants.

L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe a souligné devant les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil que la situation en Syrie était «extrêmement grave et se détérior(ait) de jour en jour», faisant notamment état d'une crise alimentaire croissante.

«Il n'y a pas de progrès en vue aujourd'hui ou demain» pour un règlement du conflit, a-t-il dit, exprimant néanmoins l'espoir de «trouver une ouverture dans un avenir pas trop éloigné».

Rendant compte aux ambassadeurs de sa première visite à Damas mi-septembre, il a indiqué que le régime syrien estimait à 5.000 le nombre d'étrangers combattant contre lui dans le pays et qu'il dépeignait de plus en plus la guerre civile comme «une conspiration de l'étranger».

L'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, qui a pris ses fonctions le 1er septembre, a réitéré qu'il n'avait pas d'autre feuille de route que le plan en six points de son prédécesseur Kofi Annan pour mettre fin à 18 mois de conflit, selon un diplomate. Ce plan prévoyait en premier lieu l'arrêt des violences.

Le conflit syrien, déclenché en mars 2011, sera au coeur d'une série de réunions en marge de l'Assemblée générale s'ouvrant mardi à l'ONU.

Aucune décision majeure n'est cependant à attendre, la communauté internationale étant profondément divisée, malgré l'escalade de la violence.

Lundi, au moins sept enfants ont péri dans les raids aériens et les tirs de l'armée régulière syrienne. Au total, 76 personnes, dont 44 civils, ont été tuées à travers le pays, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'aviation du régime de Bachar al-Assad a frappé en plein coeur d'Alep, la métropole du Nord, tuant au moins cinq personnes, dont trois enfants d'une même famille, et aplatissant des immeubles selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants.

Deuxième ville et poumon économique du pays, Alep est depuis plus de deux mois le théâtre d'une bataille acharnée entre les rebelles mal équipés et les troupes du régime, dotées d'une supériorité aérienne.

Une vidéo postée sur YouTube montre les ruines d'un immeuble complètement aplati à Maadi, dans le centre historique où sont retranchés de nombreux rebelles, les militants affirmant que des «familles entières» y résidaient.

Ces faits et cette vidéo ne peuvent être vérifiés de manière indépendante en raison des fortes restrictions au déplacement des médias étrangers imposées par les autorités.

2000 enfants tués en 18 mois

Devant un hôpital de l'est de la métropole, visé par plusieurs raids aériens ces derniers jours, au moins trois corps étaient enveloppés dans des linceuls sur le trottoir, tandis que plusieurs combattants se faisaient soigner, a constaté une journaliste de l'AFP.

«Ils bombardent les immeubles en face pour dégager la vue et pouvoir frapper de front l'hôpital la prochaine fois», a expliqué à l'AFP un infirmier dans l'hôpital.

Selon un correspondant de l'AFP, les combats ont touché la principale place de la ville, la place Saadallah al-Jabri.

L'OSDH, qui dénombre 29 000 morts depuis le début mi-mars 2011 du soulèvement contre le régime de Bachar al-Assad, estime que parmi eux, plus de 2000 sont des enfants.

L'ONU a évoqué de son côté «des cas d'enfants qui se voient refuser l'accès aux hôpitaux, de garçons et de filles tués dans le bombardement de leurs quartiers et soumis à des tortures, dont des violences sexuelles».

Combats et bombardements ont en outre secoué des quartiers de Damas, où l'armée a rasé trois maisons, Deir Ezzor (est), Homs, Hama, (centre) ou encore Deraa (sud), a précisé l'OSDH.

Des régions entières du nord de la Syrie, près de la frontière turque, échappent désormais à tout contrôle du régime de Damas, certaines depuis des mois, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les insurgés tentent de connecter entre elles toutes les régions qu'ils contrôlent, afin de créer ce qui pourrait devenir une «zone libérée», adossée à la Turquie qui les soutient.

Samedi, les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) ont transféré leur commandement de Turquie vers une région non précisée de Syrie pour tenter de resserrer ses rangs.

À Damas, une vingtaine de partis de l'opposition tolérée par le régime et proche de la Russie ont appelé de nouveau les protagonistes à cesser les combats et la tenue d'une conférence internationale en vue de l'instauration d'un régime «démocratique» et «pluraliste».

Enfin, alors que les violences ont fait fuir plus de 250 000 Syriens dans les pays voisins, la police antiémeute jordanienne a fait usage lundi de gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation de réfugiés, qui ont mis le feu à une tente et détruit des biens pour dénoncer leurs conditions de vie dans un camp du nord du pays, selon une association caritative.