Un hélicoptère de l'armée syrienne s'est écrasé lundi Damas lors de violents combats entre soldats et rebelles qui ont affirmé avoir abattu l'appareil pour venger les centaines de morts de l'offensive militaire dans la ville voisine de Daraya.

Dimanche soir, le président Bachar al-Assad a une nouvelle fois promis de vaincre la rébellion « à n'importe quel prix », même si son allié iranien a appelé au dialogue en évoquant une situation militaire « dans l'impasse ».

Au nord, la Turquie a temporairement cessé d'accueillir des réfugiés, laissant des milliers d'entre eux bloqués à la frontière.

Dans la capitale, de violentes explosions ont résonné dès l'aube, selon une journaliste de l'AFP. La télévision officielle a annoncé qu'un hélicoptère s'était écrasé près d'une mosquée du quartier de Qaboun, dans l'est de Damas.

Omar al-Qabouni, porte-parole de la Brigade rebelle de Badr, a affirmé que ses hommes avaient abattu l'appareil. « C'était une vengeance après le massacre de Daraya », a-t-il dit via Skype à l'AFP. Une vidéo diffusée par des militants montre un hélicoptère qui prend feu et tombe à pic près d'habitations.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), de violents combats entre l'armée et des rebelles se poursuivaient dans plusieurs quartiers du nord-est de Damas, en particulier à Jobar où l'hostilité au régime est grande, ainsi que dans la banlieue est de la capitale.

Au moins 20 personnes ont péri dans les violences lundi, selon un décompte provisoire de l'ONG syrienne, dont le bilan pour dimanche s'élève à 149 morts.

Huit civils, dont trois enfants et deux femmes, ont été tués dans un bombardement à Kafar Batna dans la province de Damas, alors que quatre rebelles et six soldats ont péri dans les combats à Joubar et dans la province de Damas. Un couple est en outre mort dans un assaut de l'armée à Qalaat al-Madiq dans la province de Hama (centre), a ajouté l'OSDH.

Réfugiés bloqués

Des bombardements intenses visaient également, selon l'OSDH, des quartiers d'Alep où se sont retranchés les rebelles, engagés depuis plus d'un mois dans une bataille cruciale dans cette métropole, poumon économique du pays.

À Daraya, à 7 km au sud de Damas, l'OSDH a rapporté que 14 nouveaux cadavres avaient été retrouvés, au lendemain de l'annonce par les rebelles de la découverte d'au moins 320 corps après une offensive de l'armée qui a duré cinq jours.

L'opposition et des militants avaient dénoncé un nouveau massacre en diffusant des images, non authentifiées, montrant des dizaines de corps.

Le régime avait pour sa part affirmé avoir débarrassé Daraya de « terroristes mercenaires » qui avaient commis des « crimes contre les habitants ». Les autorités syriennes ne reconnaissent pas la révolte et estiment que les opposants sont des « terroristes manipulés depuis l'étranger ».

Alors que le flot des réfugiés cherchant à fuir les violences ne cesse de gonfler, la Turquie a suspendu pour quelques jours les opérations pour les accueillir, le temps de mettre en place deux nouveaux camps, selon un diplomate turc.

En attendant, 5000 personnes étaient bloquées à la frontière à la hauteur de la province de Kilis et 2000 autres aux environs du point de passage de Reyhanli, a-t-il précisé, assurant que ces réfugiés recevaient des vivres et une aide humanitaire.

Le nombre de réfugiés syriens dans les camps en Turquie a doublé ces deux derniers mois pour atteindre quelque 80 000 personnes, et ce pays a prévenu qu'il ne pourrait accueillir plus de 100 000 réfugiés, suggérant la mise en place d'une zone tampon sous la responsabilité de l'ONU le long de la frontière.

Une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'ONU est prévue le 30 août pour discuter de l'aide humanitaire et de passages sécurisés, en l'absence d'un consensus sur un règlement du conflit en Syrie en raison des divergences principalement entre l'Occident et la Russie, pays allié du régime Assad.

Le militaire dans l'impasse

En visite dimanche à Damas, le président de la commission parlementaire iranienne pour la politique étrangère, Alaeddine Boroujerdi, dont le pays est un autre allié clé du pouvoir en Syrie, a estimé que la solution au conflit ne pouvait être que politique.

« La solution militaire est dans l'impasse », a-t-il insisté en appelant la rébellion syrienne « à mettre les armes de côté et à favoriser la solution politique », en allusion au dialogue entre le régime et l'opposition.

L'Iran a annoncé qu'il présenterait au sommet des Non-Alignés qu'il accueille jeudi une « proposition », dont les détails n'ont pas été révélés, pour un règlement de la crise.

En recevant M. Boroujerdi, M. Assad a pourtant promis de vaincre la rébellion à « n'importe quel prix ». « Le peuple syrien ne permettra pas au complot étranger de réussir », a-t-il insisté.

Depuis le début de la révolte qui s'est transformée en guerre civile en raison de la répression menée par le régime, les violences ont fait plus de 25 000 morts, selon l'OSDH. Il n'est pas possible de confirmer ce bilan de source indépendante compte tenu des restrictions imposées aux médias.

IMAGE AFP/YOUTUBE

Une vidéo diffusée par des militants montre un hélicoptère qui prend feu et tombe à pic près d'habitations.