Le régime du président Bachar al-Assad «s'est effondré», a affirmé son ex-Premier ministre Riad Hijab qui a rallié la semaine dernière l'opposition.

Alors que les défections se sont récemment multipliées parmi les diplomates, les hauts gradés de l'armée et les parlementaires, les États-unis ont affirmé «encourager» les autres cadres à rompre avec le régime.

M. Hijab a estimé que le régime s'était «effondré militairement, économiquement et moralement» et ne contrôlait «plus que 30%» de la Syrie, lors d'une conférence de presse à Amman où il a trouvé refuge.

À Washington, le sous-secrétaire au Trésor chargé du renseignement financier et de la lutte contre le terrorisme David Cohen a affirmé que «les États-Unis encouragent d'autres responsables civils et militaires (...) à prendre la même décision courageuse (que M. Hijab) et à rejeter le régime».

Sur le terrain, les combats se poursuivaient entre rebelles et forces gouvernementales qui concentrent leurs opérations sur les deux principales villes du pays, Damas et Alep.

Selon un journaliste de l'AFP à Alep, il y a un sentiment anti-occidental de plus en plus fort dans les rangs des combattants, qui reprochent à l'Occident de les laisser mourir.

«Des accrochages ont lieu à Seif al-Dawla et Salaheddine et des explosions sont entendues dans ces deux quartiers» d'Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Par ailleurs, «les quartiers de Sakhour, Hanano et Chaar (est) étaient soumis à un pilonnage de l'armée».

Le journaliste de l'AFP qui se trouvait dans le quartier de al-Soukkari, a entendu des bombardements provenant de Seif al-Dawla et de Salaheddine et il a vu à Bab al-Nasser (centre) un MiG tirant à trois reprises.

«Tactique du grignotage»

Analysant la bataille d'Alep, le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, a assuré que «les unités de l'armée ont adopté la tactique du grignotage au lieu de l'affontement général afin d'éviter des victimes civiles, utilisées comme boucliers humains» par les insurgés.

L'armée a lancé le 28 juillet un assaut majeur sur la métropole du nord mitraillée notamment par des hélicoptères.

Des rebelles ont affirmé avoir capturé un pilote dans une vidéo en ligne montrant un homme affirmant avoir eu pour mission de «bombarder la ville de Mouhassane», à 400 km à l'est de Deir Ezzor.

Selon une source militaire citée par l'agence officielle Sana, la chute de son appareil est toutefois due à une «panne technique».

À Damas, où des affrontements très violents ont débuté à la mi-juillet, l'armée a poursuivi les perquisitions et les arrestations entamée lundi dans le centre-ville, toujours selon l'OSDH qui s'appuie sur un réseau de militants et témoins.

Les militaires avançaient vers le coeur de la vieille ville. «Ils sont à la recherches d'armes et de jeunes militants», a expliqué un marchand de tapis du centre-ville.

Sana a indiqué que l'un de ses photographes avait été blessé lundi à Salaheddine où il couvrait les opérations de l'armée alors qu'un journaliste de la télévision iranienne en arabe Al-Alam a été enlevé par les rebelles à Homs (centre), selon cette chaîne.

Reporters sans frontières (RSF) a exhorté l'opposition à condamner les exactions visant les journalistes alors que les médias pro-régime sont devenus la cible des rebelles.

«Détérioration de la situation humanitaire»

Face aux violences qui ont fait plus de 23 000 morts en 17 mois selon l'OSDH, la responsable des affaires humanitaires de l'ONU Valérie Amos était mardi à Damas.

Elle s'est entretenue avec le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal al-Moqdad, le secrétaire d'État chargé de la Réconciliation nationale Ali Haïdar et le nouveau Premier ministre Waël al-Halqi «de la détérioration de la situation humanitaire».

Selon l'OSDH, 46 personnes sont mortes mardi, dont 25 civils, 14 soldats et sept rebelles.

En Arabie saoudite, les pays de l'Organisation de coopération islamique (OCI), divisés sur la crise syrienne, doivent se réunir mardi soir à La Mecque sur ce sujet.

La réunion ministérielle préparatoire du sommet a recommandé lundi une suspension de la Syrie de l'OCI, une mesure à laquelle s'oppose l'Iran, fidèle allié de Damas.

Le quotidien gouvernemental As-Saoura a exhorté les industriels à se tourner vers les marchés asiatiques plutôt que vers l'Occident qui a sanctionné la Syrie pour sa répression.

Les exportations, 12,3 milliards de dollars avant le début de la révolte, ont plongé en 2011 à 8 milliards et ne devraient atteindre en 2012 que 4 milliards.

Dans le même temps, une émissaire du président Assad, Bouthaina Chaabane, était attendue mardi en Chine qui, comme la Russie, a opposé son veto à toute résolution de l'ONU sanctionnant le régime syrien.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius se rendra lui de mercredi à vendredi en Jordanie, au Liban et en Turquie pour soutenir les dizaines de milliers de réfugiés syriens.