La répression de la révolte en Syrie ne montrait samedi aucun signe de répit, avec le bombardement sans relâche des villes rebelles par l'armée, et ce en dépit de nouvelles sanctions européennes visant notamment l'épouse et la mère du président Bachar al-Assad.

Dans ses efforts tous azimuts pour tenter d'obtenir des protagonistes la fin des violences, qui ont fait plus de 9100 morts depuis un an, l'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU Kofi Annan doit se rendre dimanche en Russie puis mardi en Chine, deux alliés de Damas.

La révolte populaire débutée en mars 2011 se militarise de plus en plus. Des militaires dissidents, notamment plusieurs généraux, se sont organisés au sein de l'Armée syrienne libre (ASL) et affrontent désormais les forces du régime, jusque dans la capitale.

Des affrontements «très violents» ont eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi entre soldats et déserteurs dans la région de Damas, a affirmé à l'AFP Mohammad al-Chami, un militant sur place.

Des explosions et des tirs pouvaient être entendus dans une grande partie de la province et jusque dans certains quartiers de Damas, a-t-il précisé.

Il a fait état par ailleurs de rassemblements nocturnes anti-régime dans plusieurs villes du pays, notamment à Douma et Artouz, localités proches de la capitale.

Une manifestation massive a également eu lieu dans le quartier de Kafar Soussé, à Damas même, ainsi que dans plusieurs quartiers d'Alep, la deuxième ville du pays, selon des vidéos publiées sur YouTube par des militants.

Au moins onze personnes ont péri samedi dans les violences.

Deux personnes ont été tuées dans des tirs de l'armée dans le quartier de Khalidiyé à Homs (centre) et deux autres à Qousseir, une ville proche, selon l'OSDH. Plusieurs quartiers de Homs ainsi que Qousseir étaient dans la matinée sous le feu des obus de mortier de l'armée, selon cette ONG.

Deux civils ont péri sous les balles des forces gouvernementales dans la province d'Idleb (nord-ouest), et un autre à Khorbet Ghazalé, dans la province de Deraa, berceau de la contestation dans le Sud, selon l'OSDH.

Quatre soldats ont en outre été tués à Hassaka (nord-est), dont trois dans une embuscade, selon la même source.

Dans la province de Hama (centre), Qalaat al-Madiq, que l'armée tente de prendre depuis deux semaines, était également bombardée avec des obus de mortier et des tirs à la mitrailleuse lourde, a rapporté l'OSDH.

Ces bombardements interviennent au lendemain de l'adoption de nouvelles sanctions de l'Union européenne.

L'épouse et la mère du président Assad, ainsi que sa soeur et sa belle-soeur, font partie d'un nouveau groupe de douze personnes privées de voyage vers l'Europe et dont les avoirs sont gelés parce qu'elles sont «associées à la répression» ou qu'elles «soutiennent le régime».

Le nombre total de personnes visées par les sanctions européennes s'élève désormais à 126 et celui des sociétés à 41.

Les sanctions européennes, mais également américaines, ne parviennent cependant pas à faire fléchir le régime qui bénéficie, sur le plan international, d'un appui de poids de la Chine et de la Russie.

Dans ce contexte, l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, doit rencontrer dimanche à Moscou le président russe Dmitri Medvedev et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.

M. Annan sera également mardi et mercredi en Chine où il rencontrera «des dirigeants» de ce pays, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.

La visite était prévue initialement ce week-end et le ministère n'a pas donné la raison de ce changement de programme.

La Russie et la Chine ont bloqué deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie mais ces pays ont voté mercredi une déclaration à l'ONU appelant à la fin des violences, exhortant le président Assad et ses opposants à «appliquer immédiatement» le plan Annan.

Ce plan prévoit notamment un arrêt des violences par toutes les parties, l'acheminement de l'aide humanitaire et la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement.

De son côté, Washington a décidé d'autoriser les Syriens présents aux États-Unis à rester après l'expiration de leur visa pour leur éviter les risques liés à un retour en Syrie.

Enfin, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie) a mis en garde Ankara, un ancien allié de Damas désormais très critique, contre toute intervention armée en Syrie, qui abrite comme la Turquie, l'Irak et l'Iran, une minorité kurde.