La Russie a critiqué mardi le président syrien Bachar al-Assad au moment où les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU négociaient âprement un projet de déclaration destiné à soutenir la médiation de Kofi Annan et à faire pression sur la Syrie.

Interrogé par des journalistes à son entrée au Conseil de sécurité à New York, l'ambassadeur français Gérard Araud a reconnu «qu'il y avait toujours des problèmes politiques majeurs en jeu» dans cette négociation. «Nous allons voir si nous pouvons les résoudre», a-t-il ajouté.

Le projet de «déclaration présidentielle» demande au président Assad et à l'opposition syrienne de «travailler de bonne foi» avec M. Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, et «d'appliquer totalement et immédiatement» le plan de règlement en six points mis sur la table par M. Annan lors de ses récents entretiens à Damas.

Le texte, obtenu par l'AFP, mentionne parmi les propositions de M. Annan la  fin des violences, la mise en place progressive d'un cessez-le-feu, la fourniture d'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue politique.

Le Conseil prévoit «d'envisager des mesures supplémentaires», non précisées, si les six points ne sont pas appliqués dans les sept jours suivant l'adoption de la déclaration.

Il s'agit d'une «déclaration présidentielle», qui doit être adoptée par consensus et qui a moins de poids qu'une résolution.

Selon son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, la Russie, fidèle alliée de Damas, refuse que la déclaration prenne «la forme d'un ultimatum» au régime syrien.

M. Lavrov a cependant estimé, au cours d'une interview pré-enregistrée à la radio Kommersant FM, que la direction syrienne avait «mal réagi aux toutes premières manifestations pacifiques de protestation et qu'en dépit des nombreuses promesses qu'elle a faites en écho à nos appels, elle a commis beaucoup d'erreurs».

«Les choses qui actuellement vont dans le bon sens arrivent trop tard», a déploré le ministre russe.

Ces commentaires interviennent alors que les signes se multiplient quant à un éventuel changement de position de la Russie, jusque là fidèle soutien à Bachar al-Assad.

L'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil El-Arabi se sont rencontrés à Genève où ils ont souligné «l'importance d'un message unifié de la part de la communauté internationale».

Le Français Jean-Marie Guéhenno a été en outre nommé adjoint de Kofi Annan pour le seconder dans sa mission de médiation en Syrie, a annoncé l'ONU.

Depuis lundi, les cinq experts mandatés par Kofi Annan sont en Syrie pour négocier la mise en place d'une mission d'observation dans le but de faire cesser les violences.

Sur le terrain, l'armée syrienne poursuivait ses opérations dans le pays où 30 personnes ont péri, en majorité des civils à Homs (centre), tandis que des combats sporadiques ont opposé à l'aube des soldats de l'armée régulière aux déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) au coeur même de Damas, selon des militants.

Des militants dans la capitale avaient fait état dans la matinée d'un «déploiement sécuritaire massif dans la majorité des quartiers de Damas», notamment aux abords de la place des Abbassides, après que des tirs ont été entendus à l'aube sur la place Arnous.

Le matin, Abou Omar, militant à Damas, avait affirmé que des combats avaient eu lieu à l'aube entre les soldats de l'armée régulière et les déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL).

De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que des tirs étaient entendus dans les quartiers de Barzé et de Qaboun, en périphérie.

Quatorze civils ont été tués dans le bombardement du quartier de Khaldiyé, dans la ville de Homs, trois autres sont tombés sous les tirs dans le quartier de Bab Sbaa et une fillette dans le quartier de Qoussour.

Dans la province de Homs, trois civils --un couple et leur fillette-- sont morts à Rastane dans la chute d'une roquette sur leur maison, a rapporté l'OSDH.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé pour la première fois de graves violations des droits de l'Homme commises par l'opposition syrienne armée.

L'Union européenne prépare de nouvelles «sanctions ciblées» à l'encontre de la Syrie, de l'Iran et du Bélarus, en l'absence de progrès de la situation dans ces trois pays, selon un haut responsable européen.

Le chef des programmes américains de sanctions David Cohen a rencontré mardi à Beyrouth le Premier ministre libanais ainsi que des représentants du secteur bancaire, notamment pour discuter des sanctions visant la Syrie, selon l'ambassade.