Le dépouillement des premières élections législatives en Libye après des décennies de dictature pourrait durer encore quatre ou cinq jours, mais les premières indications semblent donner les libéraux gagnants face aux islamistes.    

La Commission électorale a annoncé qu'elle commencerait à donner les résultats préliminaires dans les 13 grandes circonscriptions au fur et à mesure du dépouillement qui pourrait durer encore quatre ou cinq jours, selon des observateurs.

La Commission, qui n'a jusqu'ici pas fixé de date pour l'annonce des résultats définitifs, a expliqué que la collecte des données et le dépouillement devraient prendre plus de temps que prévu, au vu de la gigantesque surface du territoire libyen et pour des raisons de sécurité.

Les urnes sont acheminées notamment par avion depuis les différentes régions vers l'aéroport militaire de Mitiga à Tripoli où le dépouillement effectué dans les bureaux de vote est vérifié avant la validation des résultats.

Malgré des violences et des actes de sabotage de militants autonomistes dans l'Est, les Libyens ont réussi leur premier scrutin libre après plus de quatre décennies de dictature sous le régime de Mouammar Kadhafi qui avait banni les élections.

Ils étaient appelés à choisir les 200 membres du Congrès national général, pour une nouvelle période de transition jusqu'à la rédaction de la future Constitution.

Le pays semble avoir résisté à la vague islamiste qui a déferlé sur l'Égypte et la Tunisie voisines, touchées aussi par le Printemps arabe.

Les libéraux se dirigeraient en effet vers une victoire dans ces élections qualifiées d'historiques par la communauté internationale.

Dans une allocution s'apparentant à un discours d'investiture, le chef de l'Alliance des forces nationales (libérale), Mahmoud Jibril, a appelé dimanche soir les autres partis politiques à l'unité.

« Nous adressons un appel sincère pour un dialogue national, en vue de s'unir tous ensemble (...) sous une seule bannière, pour parvenir à un compromis, un consensus sur la base duquel la Constitution peut être rédigée et le nouveau gouvernement peut être formé », a déclaré M. Jibril.

« Lors des élections d'hier (samedi), il n'y avait ni perdant ni gagnant. La Libye est le seul véritable vainqueur de ces élections », a déclaré l'ex-premier ministre du Conseil national de transition (CNT, au pouvoir).

M. Jibril s'exprimait au cours d'une conférence de presse, quelques heures après que le secrétaire général de l'Alliance, Faiçal al-Krekchi, a déclaré que la coalition était « en tête dans la plupart des circonscriptions électorales », se basant sur des « rapports préliminaires ».

Avant lui, le chef du principal parti islamiste, le parti de la justice et de la construction (PJC) issu des Frères musulmans, Mohamed Sawan, a reconnu de son côté une « nette avance » à Tripoli et Benghazi de l'Alliance de Jibril qui réunit une soixantaine de petites formations autour d'architectes de la révolte de 2011.

Les libéraux veulent garder le silence

M. Jibril a toutefois indiqué que son parti « gardait le silence » et attendait les résultats officiels qui devraient être annoncés par la Commission électorale.

Les premières estimations des partis portent sur les 80 sièges réservés aux listes des formations politiques dans la prochaine assemblée qui compte 200 membres.

Pour les 120 sièges réservés aux candidats individuels, la tendance devrait être la même, dans la mesure où une majorité des candidats sont soutenus par des partis politiques.

Huit mois après la fin du conflit armé qui a provoqué la chute puis la mort de Mouammar Kadhafi, quelque 2,8 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes.

Le taux de participation au scrutin a atteint 62 %, selon la Commission électorale.

Les élections ont été émaillées de violences et d'actes de sabotage dans l'est où des partisans de l'autonomie entendaient dénoncer la répartition des sièges au sein de l'Assemblée nationale (100 sièges pour l'Ouest, 60 pour l'Est et 40 pour le Sud).

Pour tenter de calmer la situation, le CNT a ôté à la prochaine Assemblée l'une de ses principales prérogatives, celle de désigner les membres du comité chargé de rédiger la future Constitution.

La composition de ce comité devrait faire l'objet d'un nouveau scrutin, et chacune des trois régions y enverra 20 membres.

En attendant, le Congrès national général sera chargé de choisir un nouveau gouvernement pour prendre le relais du CNT qui devrait être dissous lors de sa première session.