Un attentat à la bombe a tué au moins 25 personnes dimanche en pleine célébration dans une église copte orthodoxe au Caire, la pire attaque contre cette minorité religieuse depuis des années.

«Je quittais l'église lorsque j'ai entendu une énorme explosion. Il y avait beaucoup de fumée et des gens ont commencé à courir et à crier. Les ambulances ont commencé à arriver, et ils ont sorti des morceaux de corps. Le sol était couvert de sang, il y avait des morceaux de vitres cassés partout», a raconté à l'AFP Jackline Abdel Shahid sur place.

La communauté copte égyptienne n'avait pas connu d'attentat aussi meurtrier depuis l'explosion d'une voiture piégée à Alexandrie le 1er janvier 2011, qui avait fait 23 morts et 79 blessés à la sortie d'une église.

Dimanche, l'explosion, entendue dans tout le quartier, a eu lieu vers 10 h (3 h HE) à l'intérieur de l'église Saint-Pierre et Saint-Paul, contiguë à la cathédrale copte Saint-Marc, siège du pape de l'église copte Tawadros II. La plupart des victimes étaient des femmes et au moins 31 personnes ont été blessées, selon le ministère de la Santé.

Selon une source de la sécurité, la bombe était constituée d'environ 12 kg de TNT.

À l'intérieur de l'église, des chaussures et d'autres effets personnels étaient éparpillés au sol, tandis que l'odeur du sang était toujours prégnante quelques heures après l'attentat, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les vitraux étaient presque tous brisés et les bancs de bois renversés pour la plupart, en particulier sur le côté droit de l'église.

La bombe a explosé près d'un pilier, noirci et parsemé d'éclats. Des impacts étaient aussi visibles sur le sol de marbre.

À l'extérieur, un périmètre de sécurité a été installé par la police tandis qu'une vingtaine de personnes scandaient des slogans contre le terrorisme.

Gebrail Ebeid, qui se rendait à l'église lorsque la bombe a explosé, s'interrogeait, visiblement en colère: «Comment est-ce que ça peut arriver? Qu'est-ce que j'ai fait pour ça arrive au moment où je me rends à l'église? Où étaient les forces de sécurité? Ils occupent la rue maintenant, mais c'est trop tard».

L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat. Sur place, les autorités ont saisi les caméras de sécurité de l'église, selon des responsables policiers sous couvert d'anonymat.

«Une cible facile»

L'église «est profondément aimée par beaucoup de fidèles au Caire qui vont régulièrement aux célébrations», a déclaré à l'AFP l'évêque général de l'église en Grande-Bretagne, Angaelos. Il a expliqué que le service religieux était célébré dans la petite église pendant que la cathédrale était en rénovation.

«C'est une cible facile, car son entrée est à l'extérieur du périmètre (de la cathédrale)», a précisé l'évêque.

De son côté, le pape Tawadros II a interrompu sa visite en Grèce (BIEN Grèce) pour revenir au Caire, selon des médias égyptiens.

Dans un communiqué, l'église copte a rappelé «l'unité nationale qui unit les Égyptiens sur la terre bénie d'Égypte».

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a condamné l'attentat qu'il a qualifié de «lâche» et a déclaré trois jours de deuil national à compter de dimanche. Cet attentat «vise la nation avec ses chrétiens et ses musulmans», a-t-il réagi. «L'Égypte n'en sortira que (...) plus unie».

L'imam de la plus haute institution de l'islam sunnite en Égypte, Al-Azhar, a également condamné une attaque «infâme».

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a assuré que «la France est pleinement solidaire de l'Égypte dans cette terrible épreuve, comme dans la lutte contre le terrorisme».

Les Coptes orthodoxes d'Égypte constituent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l'une des plus anciennes.

Les membres de la communauté ont fait l'objet de diverses attaques par le passé. Le 8 mars 2011, 13 personnes avaient été tuées lors d'affrontements entre musulmans et coptes dans le quartier déshérité de Moqattam au Caire, lors d'un rassemblement. Deux mois plus tard, des affrontements entre musulmans et coptes avaient fait 12 morts et plus de 200 blessés toujours au Caire.

Faiblement représentés au gouvernement, les Coptes s'estiment tenus à l'écart de nombreux postes de la justice, des universités ou encore de la police.