L'Égypte est devenu «un État tout-répressif», avec plus de 41 000 personnes arrêtées depuis 2013, dont de nombreux jeunes militants, a accusé mardi Amnesty International, en dénonçant le «silence» de la communauté internationale.

Dans son rapport publié à quelques jours du 2e anniversaire de la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, l'ONG, basée à Londres, affirme que le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi cherche à «tuer dans l'oeuf toute future menace à son autorité».

«Les manifestations de masse ont été remplacées par des arrestations de masse» et «des jeunes militants croupissent derrière des barreaux, témoignant que l'État a régressé, pour devenir un État tout-répressif», note l'organisation de défense des droits de l'Homme.

Amnesty, citant des militants de défense des droits de l'Homme, évoque de «plus de 41 000 personnes arrêtées, inculpées de crimes ou condamnées après des procès injustes».

Amnesty indique que les autorités ont mené une nouvelle vague d'arrestations mi-2015, avec au moins 160 personnes en état de «disparition forcée».

L'ONG rappelle que la répression, qui a débuté contre les islamistes en juillet 2013, en même temps que la destitution de M. Morsi, s'est étendue rapidement pour toucher tout l'échiquier politique égyptien.

«L'Égypte emprisonne des militants pacifiques tandis que la communauté internationale regarde de l'autre côté. Il y a un silence des États, un silence des dirigeants du monde et un silence du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU», dénonce Amnesty.

L'ONG fustige de la part des alliés, y compris occidentaux, de l'Égypte «une course à des activités commerciales lucratives» avec notamment des «ventes et transferts d'équipements policiers pouvant faciliter» ces violations.

M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Égypte, a été destitué par l'armée le 3 juillet 2013, après des manifestations monstres réclamant son départ. Les nouvelles autorités ont ensuite lancé une vaste répression, avec plus de 1400 islamistes tués dans les semaines ayant suivi.

Cette répression s'est ensuite élargie aux militants pro-démocratie ayant été à la tête de la révolte de 2011 ayant renversé Hosni Moubarak.

Même si selon les ONG le nouveau régime est encore plus autoritaire que celui de M. Moubarak, le président Sissi est très populaire parmi les Égyptiens, fatigués des années d'instabilité politique ayant suivi la révolte de 2011.