Un tribunal égyptien a de nouveau ordonné lundi le placement en détention d'Alaa Abdel Fattah, figure de la révolte anti-Moubarak de 2011, actuellement jugé pour des violences ayant eu lieu lors d'une manifestation non autorisée, a indiqué sa soeur.

M. Abdel Fattah, militant de gauche et dissident de longue date, comparaissait devant un nouveau juge, après avoir été libéré sous caution en septembre. Lundi, il a de nouveau été arrêté, a affirmé à l'AFP sa soeur Mona Seif, qui était présente à l'audience.

Depuis que l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi a destitué l'islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, le nouveau pouvoir mène une répression implacable contre toute opposition, islamiste comme laïque. Les autorités ont ainsi adopté en novembre dernier une loi controversée exigeant une autorisation policière avant tout rassemblement.

M. Abdel Fattah est jugé avec 24 coaccusés pour des violences qui se sont déroulées lors d'une manifestation non autorisée en novembre dernier. Le militant de 32 ans est notamment accusé d'avoir volé le talkie-walkie d'un policier durant ce rassemblement. Lundi, le juge a ordonné la remise en détention de tous les accusés.

M. Abdel Fattah est actuellement rejugé. Il avait été condamné en juin à 15 ans de prison, mais le droit égyptien lui accordait un nouveau procès car le verdict avait été prononcé par contumace.

Dimanche, son autre soeur, Sanaa Seif, a été condamnée avec 22 autres personnes à trois ans de prison pour avoir participé à une manifestation illégale organisée en juin pour réclamer l'abrogation de la loi sur les manifestations.

Human Rights Watch a dénoncé ce verdict, accusant le gouvernement égyptien d'être «clairement prêt à tout pour écraser toute opposition, laïque ou islamiste».

Washington s'est dit aussi «très préoccupé par les sévères peines de prison prononcées contre 23 Égyptiens pour avoir organisé une manifestation non autorisée», selon la porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki.

Celle-ci a également fait part de son «inquiétude» pour M. Abdel Fattah.

«Nous appelons les dirigeants égyptiens à modifier rapidement la loi sur les manifestations et à en adopter une nouvelle version amendée qui garantira la liberté d'expression et d'association», a-t-elle ajouté.

De nombreuses associations de défense des droits de l'homme dénoncent le régime instauré par M. Sissi comme étant bien plus autoritaire que celui de Hosni Moubarak et l'accusent d'instrumentaliser la justice pour faire taire toute opposition.

Depuis la destitution du président Morsi, plus de 1400 de ses partisans ont été tués dans une sanglante répression lancée par les autorités. Des centaines de pro-Morsi ont également été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes, tandis que 15 000 autres ont été emprisonnés.

Après les islamistes, le pouvoir s'en est pris à l'opposition laïque et de gauche, emprisonnant des dizaines de jeunes militants qui avaient en grande partie soutenu l'éviction de M. Morsi avant de se retourner contre les nouvelles autorités.

«Tous les jeunes sont pris pour cible, ils vont être éliminés ou jetés en prison», a accusé la mère de M. Abdel Fattah, Laila Soueif.