La famille d'un journaliste égypto-canadien emprisonné au Caire affirme que l'homme a finalement été emmené à l'hôpital en raison d'une grave blessure à l'épaule après que le président intérimaire égyptien l'a assurée que leur proche recevrait des soins médicaux adéquats.

Elle a manifesté un optimisme prudent après avoir reçu, il y a trois jours, un coup de fil du bureau du président Adly Mansour en réponse à une lettre écrite, il y a plusieurs semaines, réclamant la libération du journaliste.

Les proches de Mohamed Fahmy ont toutefois noté qu'il n'y avait eu aucune mention du procès intenté ou des accusations «ridicules» portées contre lui.

«La présidence n'a aucunement abordé la question de l'affaire, a confié dimanche à La Presse Canadienne le frère de M. Fahmy, Adel. Je ne sais pas à quel point cet appel pourra avoir un impact. Nous nous concentrons davantage sur le procès.»

Le bureau de la présidence est allé plus loin dans une lettre envoyée plus tôt aux parents d'un journaliste australien arrêté en compagnie de M. Fahmy.

Dans sa note aux parents de Peter Greste, le président égyptien a indiqué qu'il «ne reculerait devant aucun effort pour obtenir une conclusion rapide de l'affaire, en respect du droit».

MM. Fahmy et Greste, ainsi que leur collègue égyptien Baher Mohamed ont été arrêtés le 29 décembre alors qu'ils travaillaient pour la chaîne Al-Jazira English. Ils sont poursuivis, tout comme 17 autres individus, pour avoir travaillé pour le réseau quatariote et avoir supposément menacé la sécurité nationale. Au moins 12 des accusés sont poursuivis par contumace.

Les autorités accusent Al-Jazira de servir de plateforme pour les partisans du président islamiste déchu Mohammed Morsi et ses Frères musulmans. Le réseau nie les accusations et affirme que les journalistes ne faisaient que leur travail.

M. Fahmy et ses deux collègues ont plaidé leur innocence lors de leur procès, qui représente également la première fois où l'Égypte poursuit des reporters en vertu d'accusations liées au terrorisme.

Le procès de Mohamed Fahmy doit reprendre lundi au Caire, et sa famille espère que des progrès seront accomplis.

«C'est une question de convaincre le juge que ces gens sont évidemment innocents, soutient le frère de M. Fahmy. Ce sont des journalistes objectifs  qui n'ont rien à voir avec le terrorisme ou des groupes terroristes.»

Des responsables de la sécurité ont accusé les journalistes de posséder de l'équipement sans les permis appropriés, et d'avoir mis sur pied un centre médiatique pour les Frères musulmans. Ils sont également accusés d'avoir fabriqué des images vidéo pour montrer que le pays traversait une crise, nuisant à sa réputation.

Les procédures judiciaires surviendront après que M. Fahmy eut été transporté à l'hôpital pour un examen radiologique d'une fracture à l'épaule subie avant son arrestation, mais qui s'est aggravée pendant sa détention.

Les Affaires étrangères canadiennes ont mentionné que de hauts responsables canadiens avaient soulevé l'affaire auprès des autorités égyptiennes et avaient réclamé un procès juste et rapide.

La famille de M. Fahmy s'est installée au Canada en 1991. Ce dernier a vécu à Montréal et à Vancouver pendant plusieurs années avant de retourner à l'étranger pour y trouver du travail, y compris au New York Times et à CNN. Ses parents, qui vivent à Montréal, se sont rendus au Caire quelques jours après son arrestation et ne sont pas rentrés depuis.