Les États-Unis ont appelé lundi les nouvelles autorités égyptiennes mises en place par l'armée à lever toutes les «détentions politiques», mais sans citer explicitement le cas du président destitué Mohamed Morsi.

«Notre position n'a pas évolué. Nous continuons d'appeler à la fin de toutes les arrestations et détentions motivées politiquement et insistons sur le fait qu'elles n'aident pas l'Égypte à surmonter sa crise», a déclaré la porte-parole adjointe du département d'État, Marie Harf.

La responsable était interrogée sur la décision lundi de la justice égyptienne de prolonger la détention préventive du président islamiste Mohamed Morsi déposé par l'armée le 3 juillet et détenu au secret.

La diplomatie américaine avait déjà plaidé pour la fin des détentions de personnalités politiques de l'ancien régime contrôlé par les Frères musulmans, mais sans jamais citer le nom de M. Morsi.

Washington assure officiellement ne pas prendre parti dans la crise égyptienne depuis début juillet.

Mais le secrétaire d'État John Kerry avait paru début août appuyer la destitution du président Morsi en affirmant que les militaires étaient intervenus pour «rétablir la démocratie». Il avait rétropédalé le lendemain en appelant au calme et à des élections «démocratiques».

Répétant la déclaration faite la semaine dernière par M. Kerry et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Mme Harf a exprimé «les profondes inquiétudes» des États-Unis face «à la violence potentielle en Égypte» entre les pro-Morsi et les autorités.

Elle a plaidé pour un dialogue entre toutes les parties qui conduise à une «démocratie durable».

Face à l'intervention des militaires égyptiens, le gouvernement américain évite soigneusement d'employer le terme de «coup d'État» pour ne pas devoir couper son aide militaire de 1,3 milliard de dollars par an: la loi américaine stipule en effet que toute aide doit être suspendue en cas de renversement d'un gouvernement civil par une armée.

Seul le sénateur républicain John McCain, en visite la semaine dernière au Caire, avait qualifié la destitution du président Morsi par les militaires de «coup» d'État.