Des juges égyptiens ayant accepté de superviser la première phase du référendum sur un projet de Constitution controversé ont annoncé lundi avoir décidé de boycotter le second tour prévu samedi, accusant les autorités de ne pas avoir tenu leurs promesses.

Cette décision risque d'avoir un impact sur la bonne marche d'un vote contesté par de nombreux magistrats et par l'opposition.

Les membres du club des juges du Conseil d'État «ne superviseront pas la deuxième phase du référendum», a annoncé le président du club, Hamdi Yassine, lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision.

Cette association de juges avait annoncé il y a une dizaine de jours qu'elle acceptait de superviser la consultation populaire, mais sous conditions, demandant notamment la levée du «siège» de la Haute cour constitutionnelle par des partisans des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi.

Cette cour avait entamé le 2 décembre une grève illimitée pour protester contre les «pressions» des partisans de M. Morsi, qui ont encerclé ses locaux alors qu'elle entendait examiner la validité de la commission constituante dominée par les islamistes.

Or, les manifestants investissent toujours les abords de la cour, «sous l'oeil des soldats et des policiers», a déploré cette association de juges.

En Égypte, les scrutins doivent se faire sous supervision judiciaire pour être valides.

Le Club des juges, un autre syndicat professionnel représentant des magistrats à travers le pays, avait annoncé qu'il boycotterait le scrutin avant son début le 15 décembre.

Le projet de loi fondamentale soumis à référendum, accusé de saper certains droits fondamentaux, est au coeur de la crise politique la plus grave depuis l'élection de M. Morsi en juin.

Ce dernier a dû faire face à une fronde des juges après avoir interdit tout recours en justice contre ses décisions dans un décret le 22 novembre. Il a depuis retiré son décret, mais les tensions persistent entre les pouvoirs exécutif et judiciaire.

Une petite majorité d'Égyptiens a approuvé le projet de Constitution lors de la première phase le 15 décembre, qui concernait environ la moitié des 51 millions d'électeurs potentiels, selon les médias officiels et les islamistes.