Le président égyptien élu, l'islamiste Mohamed Morsi, prend officiellement ses fonctions samedi après sa prestation de serment, qui ouvrira une période de cohabitation délicate avec l'armée.                                

M. Morsi doit prêter serment en fin d'avant-midi samedi au siège de la Haute Cour constitutionnelle, en banlieue du Caire. Il se rendra ensuite à l'Université du Caire pour célébrer son investiture et adresser un discours à la population.

Le président élu, issu des Frères musulmans, est le premier islamiste à accéder à la magistrature suprême en Égypte et sera le premier chef d'État à ne pas sortir des rangs de l'armée.

Il devra toutefois composer avec le Conseil suprême des forces armées (CSFA), à qui Hosni Moubarak a remis le pouvoir en démissionnant sous la pression d'une révolte populaire le 11 février 2011, et qui conservera de larges prérogatives même après le transfert officiel du pouvoir.

La junte a en effet récemment récupéré le pouvoir législatif après la dissolution à la mi-juin de l'Assemblée du peuple, dominée par les islamistes, à la suite d'un jugement annulant le mode de scrutin.

Ces derniers jours, la procédure de la prestation de serment a été au centre d'une polémique entre le nouveau président et la junte.

Selon les militaires, l'Assemblée ayant été dissoute, le président doit prêter serment devant la Haute Cour constitutionnelle. Mais pour les Frères musulmans, pour qui l'Assemblée est toujours légitime, c'est devant les députés que la cérémonie doit avoir lieu.

M. Morsi prêtera finalement serment devant la Haute Cour constitutionnelle, selon un communiqué de la présidence.

Dans un apparent signe de défi à l'égard des militaires, le président élu s'est toutefois rendu vendredi place Tahrir, le symbole de la «révolution», où il a symboliquement prêté serment devant des dizaines de milliers de personnes.

«Vous êtes la source du pouvoir et de la légitimité, qui est au-dessus de tout le monde. Il n'y a de place pour personne, pour aucune institution (...) au-dessus de cette volonté», a-t-il lancé.

M. Morsi a battu le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq, lors de la première présidentielle après la révolte.

Il a commencé à travailler à la formation d'un «gouvernement de coalition» destiné à donner des gages d'ouverture et élargir son assise politique face aux militaires et devra faire face à de nombreux défis, notamment une économie mal en point.