Le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir en Égypte depuis la chute de Hosni Moubarak il y a un an et très critiqué pour sa gestion de la transition, a affirmé vendredi qu'il ne cèderait pas aux «menaces», en évoquant des «complots» contre l'État.

Ces déclarations interviennent alors que des militants ont lancé un appel à la «désobéissance civile» et à des grèves samedi pour marquer le premier anniversaire de la chute de l'ancien président.

M. Moubarak avait démissionné sous la pression de la rue le 11 février 2011, en remettant le pouvoir à l'armée.

«Nous affrontons ces jours-ci une étape qui est la plus difficile (...) depuis notre glorieuse révolution, et nous sommes à un tournant qui est le plus dangereux sur notre chemin vers la liberté, la démocratie et la justice sociale», a affirmé le Conseil suprême des forces armées (CSFA) dans un communiqué lu à la télévision publique.

«Nous vous disons franchement que notre chère Égypte fait face à des plans visant à frapper notre révolution au coeur» en provoquant «la dissension entre les enfants du peuple (...) et leurs forces armées», a-t-il ajouté.

«Nous faisons face à des complots contre la nation dont le but est de saper les institutions de l'État égyptien et de faire tomber l'État lui-même pour que le chaos règne, que la destruction prévale et que les ennemis de la nation soient satisfaits», a-t-il poursuivi, sans préciser qui étaient ces ennemis.

Mais «cela ne se réalisera pas», a-t-il assuré. «Jamais nous ne cèderons à des menaces, nous ne cèderons pas aux pressions, et nous n'accepterons pas les diktats», a affirmé le CSFA.

La junte militaire a répété qu'elle était déterminée à «remettre le pouvoir à un pouvoir civil élu».

«Nous avons tenu la première promesse et nous avons remis le pouvoir législatif à l'Assemblée du peuple au cours de sa première séance, après des élections qui se sont déroulées dans la liberté et l'intégrité», a-t-elle souligné.

«Le pouvoir présidentiel sera remis au président de la République après l'élection pour que se termine la période de transition, et votre fidèle armée retournera à sa mission originelle», a promis le CSFA.

L'élection présidentielle doit se tenir avant la fin juin. Mais de nombreux militants veulent que l'armée remette immédiatement le pouvoir aux civils.

Acclamés il y a un an, les militaires sont très critiqués depuis plusieurs mois pour leur gestion de la transition. Ils sont accusés de perpétuer l'ancien régime et de réprimer le mouvement pro-démocratie, ainsi que de chercher à préserver leurs privilèges et continuer à influencer la vie politique.

Des milliers d'Egyptiens ont manifesté vendredi près du ministère de la Défense pour réclamer la fin du pouvoir de l'armée.

Les militants ont aussi appelé à une journée de «désobéissance civile» et de grèves samedi, jour anniversaire de la chute de M. Moubarak.

Après ces appels, auxquels les Frères musulmans, grands vainqueurs des récentes élections législatives, se sont opposés, l'armée a annoncé qu'elle se déploierait à travers le pays pour assurer la sécurité.

La colère contre l'armée est montée d'un cran après la mort de 74 personnes dans des violences après un match de football à Port-Saïd (nord). Le drame a provoqué des manifestations à travers le pays, qui ont rapidement dégénéré en affrontements violents avec la police. Quinze personnes sont mortes dans les heurts au Caire et à Suez (nord-est).