Le procureur a estimé avoir des preuves solides de l'implication de Hosni Moubarak dans le meurtre de manifestants, lors d'une audience du procès du président égyptien déchu mercredi au Caire, tout en dénonçant le manque de coopération des autorités avec l'accusation.

«L'accusation a confirmé que Moubarak, Adli (ancien ministre de l'Intérieur) et six hauts responsables de la sécurité avaient aidé et incité à tirer» contre la foule qui manifestait contre l'ancien dictateur, renversé en février, a déclaré le procureur, Moustafa Souleimane, cité par l'agence officielle Mena.

Il a dans le même temps accusé les nouvelles autorités égyptiennes d'avoir «délibérément refusé de coopérer avec l'accusation» pour déterminer la responsabilité de l'ancien président.

Le procureur, qui expose ses arguments depuis mardi, pourrait présenter ses réquisitions jeudi. Selon des journaux égyptiens, il pourrait demander la peine maximale prévue par la loi, qui est dans ce cas la peine de mort.

Mardi, il avait décrit M. Moubarak, qui a régné sur l'Égypte pendant trois décennies, comme «un dirigeant tyrannique qui a cherché à céder le pouvoir à son fils cadet Gamal».

M. Moubarak «a répandu la corruption, ouvert la porte à ses amis et ses proches, et a ruiné le pays sans rendre de comptes», avait-il insisté.

Âgé de 83 ans, M. Moubarak est en détention préventive dans un hôpital militaire de la banlieue du Caire. Mercredi, il a une nouvelle fois comparu allongé sur une civière, après être arrivé au tribunal en hélicoptère puis en ambulance.

Le raïs déchu est jugé dans le cadre des poursuites après la répression du soulèvement contre son régime début 2011, qui a fait officiellement quelque 850 morts. L'ancien ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli, et six de ses conseillers sont jugés en même temps que M. Moubarak pour ces accusations.

L'ancien président est également inculpé de corruption, des accusations qui visent aussi ses fils Alaa et Gamal, jugés en même temps que lui.

M. Moubarak, dont le procès se déroule sous la protection d'un important dispositif de sécurité, est le premier dirigeant victime du «Printemps arabe» à comparaître en personne devant la justice.

Le procès s'est ouvert le 3 août, avant d'être suspendu fin septembre en raison d'une demande de récusation du président de la cour, jugé partial par les avocats des parties civiles. Le magistrat a finalement été maintenu, et les audiences ont repris le 28 décembre.

Les témoignages de policiers recueillis publiquement à l'audience jusqu'à présent ont été globalement favorables à l'ancien chef d'État, laissant entendre qu'il n'y avait pas eu d'ordres de sa part pour ouvrir le feu sur des manifestants.

En septembre, la cour avait entendu à huis clos le successeur de fait de M. Moubarak, le maréchal Hussein Tantaoui, chef du conseil militaire qui tient les rênes du pays depuis son départ.

Ces audiences se tiennent alors que le pays est engagé dans la dernière phase des élections législatives de l'après-Moubarak, un scrutin jusqu'à présent largement dominé par les formations islamistes.