Les Égyptiens votaient mercredi pour le second tour des élections législatives dans un tiers du pays, après des heurts au Caire entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et forces de l'ordre qui ont fait 14 morts en cinq jours.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h (1h, heure de Montréal) dans neuf provinces, dont Gizeh (qui englobe une grande partie de l'ouest du Caire), Suez (nord-est) et Assouan (sud), avec une participation apparemment en recul, selon des journalistes de l'AFP et les médias d'État.

Lors du premier tour il y a une semaine, le taux de participation avait atteint 67%, selon la commission électorale.

Mercredi et jeudi, les électeurs doivent désigner les députés de 59 circonscriptions où un second tour a lieu au scrutin uninominal, ainsi que dans trois provinces où le scrutin proportionnel a été reporté d'une semaine sur décision judiciaire.

Ce second tour opposait essentiellement Frères musulmans et salafistes fondamentalistes, vainqueurs de la première phase dans un tiers du pays, dont Le Caire et Alexandrie, lors duquel ils avaient remporté respectivement 36% et et 24% des voix, et l'ensemble des islamistes 65%.

Les islamistes ont revendiqué au moins 70% des voix dans cette deuxième partie du pays.

Parmi les candidats encore en lice, 49 appartenaient aux Frères musulmans, 36 aux salafistes, 33 autres étant indépendants, libéraux ou autres.

Afin de rassurer l'opinion et la communauté internationale, un porte-parole du principal parti salafiste, Al-Nour, Yousri Hammad, a affirmé dans une interview sans précédent à la radio militaire israélienne que sa formation respecterait l'accord de paix conclu avec l'État hébreu en 1979.

«Nous ne sommes pas contre l'accord, nous disons que l'Égypte est liée à ces accords signés par les précédents gouvernements et s'il y a des clauses que le peuple d'Égypte veut modifier dans ces accords, cela doit se faire à la table des négociations», a-t-il déclaré, faisant écho à des prises de position similaires des Frères musulmans.

Ces élections législatives, les premières depuis la chute du président Hosni Moubarak en février, ont débuté le 28 novembre et doivent s'achever en janvier par le dernier tiers du pays afin de pourvoir 498 sièges.

La procédure se répètera ensuite pour l'élection de la Choura (Chambre haute consultative), jusqu'en mars, avant une élection présidentielle d'ici fin juin.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l'Égypte depuis le départ de M. Moubarak, argue de ce calendrier pour prouver sa volonté de laisser la place à un pouvoir civil en 2012.

Mais ses opposants estiment que les attributions encore floues du futur Parlement permettront à l'armée de garder de fait les leviers de commande.

Le pouvoir militaire était en outre embarrassé par les accusations de brutalité envers les manifestants, en particulier pour l'usage «disproportionné» de la force et le traitement des femmes.

«L'Égypte n'acceptera aucune ingérence dans ses affaires internes», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Amr, en réponse à la vague de critiques internationales.

Les heurts dans le centre du Caire ont fait 14 morts en cinq jours, selon le ministère de la Santé, en grande majorité tombés sous les balles.

Ils avaient éclaté le 16 décembre entre les forces de l'ordre et des manifestants qui campaient depuis fin novembre devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination par l'armée comme premier ministre de Kamal el-Ganzouri, qui avait déjà occupé ce poste sous Hosni Moubarak.

Ces violences sont les plus graves depuis des affrontements similaires qui avaient fait au moins 42 morts, principalement au Caire, quelques jours avant le début des législatives.