Des «saboteurs» ont fait exploser lundi matin au Sinaï un gazoduc alimentant Israël, quelques heures avant les premières élections législatives en Égypte depuis le renversement d'Hosni Moubarak, a annoncé l'agence officielle égyptienne Mena.

Des hommes armés et masqués ont placé en deux endroits distants d'une centaine de mètres des explosifs sous le gazoduc à l'ouest de la ville d'El-Arish, dans le nord de la péninsule du Sinaï, selon des témoins cités par l'agence.

Les deux explosions se sont produites à quelques secondes d'intervalle, a précisé à l'AFP un responsable de la sécurité.

Les services de secours ont été dépêchés sur les lieux, a ajouté ce responsable, qui n'était pas en mesure de chiffrer les dégâts.

Selon des témoins, des flammes étaient visibles à des kilomètres à la ronde.

Il s'agit du 9e attentat visant cette année le gazoduc égyptien livrant du gaz à Israël et à la Jordanie. Le dernier a été commis vendredi.

Les autorités ont annoncé à plusieurs reprises des mesures pour renforcer la protection de ces installations et tenter d'arrêter les auteurs de ces attentats.

Les livraisons de gaz naturel à l'État hébreu conclues du temps du président Hosni Moubarak, renversé en février dernier, sont très critiquées dans l'opinion et la classe politique égyptienne.

Le dernier sabotage intervient alors que les Égyptiens sont appelés aux urnes lundi pour élire leurs députés près de 10 mois après le renversement du président Moubarak, un scrutin où les Frères musulmans s'affichent en position de force, sur fond de crise politique dans le pays.

L'Égypte fournit 43% du gaz naturel consommé en Israël, où 40% de l'électricité est produite à partir de cette source d'énergie.

Le gaz égyptien couvre par ailleurs 80% des besoins de la Jordanie pour la production d'électricité, soit 6,8 millions de mètres cubes de gaz quotidiennement importés.

La péninsule égyptienne du Sinaï est particulièrement sensible sur le plan sécuritaire en raison des tensions avec la communauté bédouine qui y vit. De multiples trafics avec l'enclave palestinienne de Gaza passent par le Sinaï, également accusé par Israël de servir de base arrière pour des attaques de militants radicaux contre son territoire.