Plusieurs pays et entreprises continuaient lundi de rapatrier ou de réduire le nombre de leurs ressortissants expatriés en Égypte, certains groupes étrangers suspendant leur production dans le pays, où une révolte populaire sans précédent a fait au moins 125 morts en six jours.

Face à un mouvement qui s'amplifie, de nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers et les réservations se sont taries, au plus fort de la saison pour le secteur touristique, l'une des principales sources de revenus du pays, avec 14,7 millions de visiteurs en 2010.

Profitant d'un espace aérien ouvert, des centaines de touristes, expatriés et Égyptiens angoissés, prenaient d'assaut les guichets de départ de l'aéroport du Caire, cherchant à tout prix à quitter le pays.

Signe d'une inquiétude grandissante, certaines entreprises étrangères ont annoncé la suspension de leurs activités, comme le géant maritime et pétrolier danois A.P.Moeller-Maersk, le cimentier français Lafarge et le constructeur automobile Nissan.

Plusieurs entreprises, dont Lafarge, la banque Crédit Agricole, France Télécom, la compagnie pétrolière russe Loukoïl, le producteur de gaz Novatek, le gazier polonais PGNiG, ou encore le groupe énergétique allemand RWE, avaient auparavant décidé d'évacuer les familles de leur personnel expatrié et tout ou partie de leurs salariés.

De nombreux pays dont les États-Unis, le Canada, l'Arabie saoudite, la Libye, le Liban, la Thaïlande, le Japon et l'Australie ont dépêché des avions pour ramener leurs ressortissants.

En Europe, la plupart des pays se contentaient de déconseiller de se rendre en Égypte mais certains organisaient les rapatriements.

La Grèce a décidé de dépêcher des avions militaires en Egypte pour ramener ses ressortissants. Le Portugal a annoncé qu'il allait envoyer un avion pour que les Portugais «qui le souhaitent» puissent rentrer, estimant qu'une centaine de personnes étaient concernées.

Berlin a demandé à plusieurs compagnies de voir «quelles capacités supplémentaires d'avions de ligne peuvent être mises en place depuis le Caire».

Londres a recommandé aux Britanniques de quitter Le Caire, Alexandrie et Suez, tout en jugeant que la situation n'avait «pas atteint un stade où nous envisagerions d'affréter des avions et d'évacuer un grand nombre de personnes».

Moscou a recommandé aux quelque 70 000 Russes, dont 30 000 expatriés, présents sur place de rester chez eux ou dans les zones hôtelières.

Israël a rapatrié les familles de ses diplomates, Vienne essayait d'organiser le retour des Autrichiens qui le veulent.

De nombreux voyagistes ont suspendu leurs départs et organisaient l'évacuation des touristes dont notamment 30 000 Britanniques, 4 000 Belges, 15 000 Suédois ou 2 500 Finlandais et plus d'un millier de Français.

La majorité des touristes se trouvent dans les stations balnéaires de la Mer Rouge ou les sites antiques de la vallée du Nil.

La compagnie aérienne saoudienne Saudi Arabian Airlines a organisé 26 vols durant le week-end pour le rapatriement.

Les compagnies suédoises Apollo et Frididsresor, la finlandaise Aurinkomatkat, ou la belge Jetair, ont pris l'initiative de rapatrier leurs clients. La société suisse Kuoni a proposé et recommandé à ses quelque 600 clients de quitter le pays.

Des voyagistes français ont indiqué envisager un «retour anticipé» de leurs clients. Le groupe Club Med a organisé dès lundi un vol spécial pour évacuer ses clients à Taba sur la mer Rouge.

En revanche, il n'était pas prévu d'évacuation pour quelque 3 000 touristes italiens, 6 500 polonais, 6 500 Ukrainiens et 40 000 touristes russes.

«Malgré les recommandations, certains touristes russes se rendent en ville, et se promènent tranquillement», a déclaré le chef du service de presse de l'Agence Fédérale russe du tourisme, Oleg Moseev.