Le monde a les yeux tournés vers l'Égypte. Israël en particulier a des raisons de suivre la situation de près. Un changement de régime pourrait avoir des conséquences graves sur les relations entre les deux pays, en «paix froide» depuis plus de 30 ans.

«Nous suivons avec attention les événements qui se déroulent en Égypte et dans notre région», a dit hier le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, dans un premier commentaire public depuis le début des manifestations en Égypte.

Comme plusieurs autres pays, l'État hébreu a maintenu son ambassade fermée au Caire hier et a rapatrié des dizaines de ses ressortissants, dont les familles de ses diplomates. L'armée israélienne a renforcé son dispositif de surveillance à la frontière avec son voisin.

L'Égypte est un des rares alliés d'Israël dans la région. C'est le premier pays arabe à avoir conclu un accord de paix avec son voisin, en 1979, en échange de la restitution de territoires conquis par l'armée israélienne en 1967. On qualifie de «froide» la paix entre les deux pays parce qu'elle se limite surtout à des relations diplomatiques.

Hosni Moubarak joue un rôle dans la région. Il a notamment servi d'intermédiaire entre les Israéliens et les Palestiniens dans les pourparlers de paix. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a par ailleurs exprimé sa «solidarité avec le président égyptien» samedi.

Un remplaçant?

«Personne ne sait qui remplacerait Moubarak, souligne le professeur Yaacov Bar-Siman-Tov, de l'Université hébraïque de Jérusalem. En diplomatie, on préfère habituellement un régime stable, même s'il est antidémocratique, à un gouvernement instable.»

La principale crainte d'Israël reste que les Frères musulmans, mouvement islamiste, prennent le pouvoir au Caire. Les relations entre les deux pays risqueraient alors d'être rompues.

«Les Frères musulmans sont autant l'ennemi d'Israël que du régime (en place). S'ils prenaient le pouvoir, cela constituerait un changement dramatique dans toute la région avec le risque que l'instabilité ne s'étende à d'autres pays», a déclaré à l'AFP l'ex-ministre de la Défense Shaul Mofaz, en référence notamment à la Jordanie et aux zones autonomes palestiniennes en Cisjordanie.

Les conséquences d'un changement de pouvoir sont aussi à craindre dans la bande de Gaza.

L'Égypte partage une frontière d'environ une douzaine de kilomètres avec le territoire palestinien. Dans un communiqué, l'armée israélienne a annoncé qu'elle se préparait «à la possibilité que des organisations terroristes tirent avantage des troubles en Égypte pour envoyer des armes dans la bande de Gaza».

Avec l'Agence France-Presse