Le président égyptien Hosni Moubarak «doit partir», a déclaré samedi l'opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei, dans une déclaration à la chaîne satellitaire France 24, alors que les manifestations contre le régime se poursuivaient en Égypte.

«Je descendrai dans la rue aujourd'hui (samedi) avec mes collègues pour contribuer à apporter un changement (...) et pour dire au président Moubarak qu'il doit partir», a dit à France 24 M. ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la paix en 2005.

«Hier soir, nous espérions qu'il allait décider de partir, mais à la dernière minute, il est apparu avec un discours vide de sens, qui a été une grosse déception pour les Égyptiens», a-t-il dit, en référence à un discours de M. Moubarak dans la nuit de vendredi à samedi.

«Il n'a clairement pas compris le message qui émanait du peuple égyptien», a ajouté M. ElBaradei, pour qui le fait que M. Moubarak se soit contenté d'annoncer un nouveau gouvernement constituait «presque une insulte à l'intelligence du peuple».

«Il n'a proposé aucune réforme politique ou économique», a-t-il dénoncé.

M. ElBaradei a en outre démenti que des «troupes» soient stationnées devant chez lui: «Du moins je ne pense pas (...) Mais je vais vérifier ça».

«Je continuerai à participer, peu importe ce que cela implique, pour m'assurer que le régime de Moubarak parte. Il y a un consensus ici en Égypte, dans toute la société, c'est un régime dictatorial qui a échoué sur les fronts économiques et politiques», a-t-il insisté.

Il s'est aussi dit déçu de la position des États-Unis: «Ce qui est aussi extrêmement décevant pour les Égyptiens, c'est le message provenant des États-Unis, qui ont déclaré vouloir travailler avec le peuple égyptien et le gouvernement, alors qu'il faut faire un choix».

«Même si j'ai beaucoup de respect pour M. Obama, assigner la tache de mettre en place des réformes économiques et politiques à un homme qui a un système autoritaire, et qui est au pouvoir depuis 30 ans, est un un paradoxe», a-t-il déclaré.

Près de 50 personnes, dont une majorité de civils, ont été tuées dans les manifestations depuis mardi, premier jour du mouvement de protestation, selon le ministère de la Santé, et 2500 ont été blessées. Pour la seule journée de vendredi, 38 personnes ont péri, selon le ministère.

Hosni Moubarak a fait appel à l'armée et décrété le couvre-feu dans trois grandes villes du pays, dont Le Caire.

Jeudi, M. ElBaradei était revenu en Égypte pour soutenir le mouvement et s'était dit prêt à mener la transition en cas de départ du président Moubarak.

Samedi matin, des milliers de manifestants étaient à nouveau rassemblés dans le centre du Caire pour réclamer la démission de M. Moubarak.