Plusieurs sites Internet du gouvernement syrien sont hébergés par des serveurs établis au Canada, selon un rapport publié par un groupe de réflexion de l'Université de Toronto.

Le rapport indique que 17 sites syriens sont hébergés par des fournisseurs canadiens. Parmi ceux-ci figureraient les sites des ministères des Affaires culturelles, des Transports et des Affaires sociales et du Travail du pays qui connaît des soulèvements depuis huit mois.

«Nous avions le devoir moral de rendre publiques ces informations étant donné la répression du gouvernement syrien», a indiqué Ronald Deibert, directeur du Laboratoire citoyen de l'Université de Toronto.

Une des sociétés impliquées, Platinum, affirme posséder des serveurs à Vancouver. Le rapport soutient que plusieurs sites du gouvernement syrien sont hébergés par iWeb, une société de Montréal.

L'entreprise iWeb n'a pas voulu commenter le dossier, affirmant qu'elle ferait connaître sa position d'ici la fin de la journée de jeudi.

Ronald Deibert a aussi indiqué que la chaîne de télévision syrienne Addounia TV utilise des serveurs au Canada pour héberger son site Internet.

«C'est probablement le cas le plus sérieux parce que c'est un réseau de télévision qui incite à la violence», a-t-il fait valoir.

Il a ajouté que plusieurs sites syriens, dont ceux des ministères des Finances, de l'Économie, du Commerce et des Affaires religieuses, sont hébergés sur des serveurs aux États-Unis.

Le Canada a condamné la sanglante répression exercée contre les manifestants qui s'élèvent contre le régime de Bachar El-Assad. Il a imposé une série de sanctions sévères contre Damas, y compris des restrictions de voyage et un gel des avoirs.

Les autorités canadiennes recommandent à leurs ressortissants se trouvant en Syrie de quitter le pays dès maintenant. Le ministère des Affaires étrangères fait valoir que la situation en Syrie demeure très instable et difficile à prévoir.

Mais la situation n'est pas aussi claire du côté du cyberespace. M. Deibert affirme qu'il est extrêmement difficile de déterminer si les hébergeurs Internet violent les sanctions imposées par Ottawa.

«Il y a définitivement des interrogations. La gouvernance virtuelle est immature et embryonnaire», a indiqué Ronald Deibert.

«Les sanctions sont conçues pour un monde beaucoup moins fluide et plus concret que le cyberespace. Je crois que si on impose des sanctions à une entité, il faut que le gouvernement indique clairement au secteur privé ce que cela signifie.»

L'Organisation des Nations unies estime à plus de 3500 le nombre de victimes de la répression de Damas depuis mars dernier, lorsque le président Bachar El-Assad a commencé à sévir contre les militants pro-démocratie.

Le rapport a aussi souligné que le site internet d'une filiale officielle du Hezbollah libanais est hébergé sur des serveurs américains et canadiens, et qu'il utilisait un hébergeur canadien pour son réseau de télévision sur Internet. Ottawa considère pourtant le Hezbollah comme une organisation terroriste.