Le chef du groupe djihadiste Ansar Asharia à Benghazi, dans l'Est libyen, a nié lundi tout lien avec Al-Qaïda et toute implication dans des dizaines d'assassinats de membres des services de sécurité, dans une interview à la chaîne privée al-Naba.

«Nous n'avons aucun lien avec eux (Al-Qaïda, NDLR) (...) Nous ne sommes pas une partie d'Al-Qaïda», a déclaré Mohamed al-Zehawi.

«Notre projet vise l'État libyen», a-t-il ajouté, en affirmant qu'Ansar Asharia exigeait «un État islamique régi par la charia».

Ansar Asharia (Les partisans de la loi islamique, en arabe) a vu le jour après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011.

Si la mouvance mène des actions caritatives, sociales et de prédication, elle dispose également d'un bras militaire, un groupe lourdement armé impliqué le 25 novembre dans des affrontements meurtriers avec les Forces spéciales de l'armée libyenne.

Ce bras militaire est formé d'anciens rebelles ayant combattu les forces loyalistes en 2011.

«Pourquoi nous portons des armes? Tout le monde porte des armes en Libye. Si l'État est formé selon la charia, nous allons déposer les armes», a affirmé M. al-Zehawi.

Il a démenti par ailleurs toute implication dans les dizaines d'assassinats de juges et de membres des services de sécurité ayant eu lieu ces derniers mois à Benghazi, dénonçant une «campagne médiatique féroce» contre son organisation.

Profitant du vide sécuritaire après la chute de Mouammar Kadhafi, Ansar Ashariaa fait la loi en particulier dans l'est du pays où il contrôle des quartiers de Benghazi, Syrte et Derna, selon des sources locales.

Les attaques dans l'Est libyen, comme celle du 11 septembre 2012 contre le consulat américain à Benghazi, qui a coûté la vie à l'ambassadeur Chris Stevens et trois autres Américains, sont souvent attribuées à des groupes islamistes, dont Ansar Ashariaa, par des experts libyens et étrangers.

Les autorités n'osent pas toutefois accuser directement ces groupes lourdement armés, par crainte de représailles, selon ces experts.

Récemment, Ansar Ashariaa a indiqué dans un communiqué qu'il ne reconnaissait pas les institutions de l'État ni ses services de sécurité, les qualifiant d'apostat et de «Taghout» (forces maléfiques au service de la tyrannie).