Tripoli, la capitale libyenne, a été secouée le week-end dernier par de violents affrontements entre des groupes armés. Depuis le renversement de l'ancien dictateur Mouammar Kadhafi, la situation est chaotique dans le pays. Et la présence de milices lourdement armées n'augure rien de bon pour l'avenir. Chronique d'une catastrophe annoncée.

Kadhafi

En 2011, au coeur du Printemps arabe, des émeutes éclatent en Libye. De violents affrontements entre des groupes rebelles et les forces gouvernementales de Kadhafi font des milliers de victimes. Une opération internationale est finalement autorisée par l'ONU pour intervenir afin de protéger les populations civiles. L'OTAN prend ensuite la relève pour assurer le contrôle des airs. En août 2011, le dirigeant libyen est capturé, puis tué par les rebelles. Malgré des élections en juillet 2012 qui ont permis de désigner un nouveau gouvernement, le pays est laissé à lui-même et aux milices armées.

Gâchis

Pour Samir Saul, spécialiste du monde arabe à l'Université de Montréal, le désastre libyen était tout à fait prévisible. Selon lui, l'OTAN est intervenue sans autre projet que celui de renverser un régime. « On a cru que c'était aussi le Printemps arabe en Libye, mais la réalité, c'est que des groupes opposés à Kadhafi ont profité de la situation pour renverser le régime. Résultat, il n'y a pas de véritable État depuis la mort de Kadhafi, les gens qui sont au pouvoir ne sont que des fantoches. Il n'y a que des milices lourdement armées qui se font la guerre et, en ce moment, elles se battent pour prendre le contrôle de Tripoli. »

Tripoli

Une manifestation a tourné au drame vendredi dernier dans la capitale libyenne, où des groupes armés affrontent des milices en provenance de la ville de Misrata. Alors que des manifestants pacifiques réclamaient le départ des miliciens de Misrata, ceux-ci ont ouvert le feu sur les civils. Les affrontements qui ont suivi ont fait plus de 40 morts et 450 blessés. Dimanche, le numéro deux des services de renseignement libyen a été enlevé par des rebelles de la ville de Zenten, avant d'être finalement relâché hier. La situation reste extrêmement tendue dans la capitale, où une grève générale de trois jours a été décrétée dès dimanche dans les commerces et les services publics.

Armée

Des dizaines de blindés de l'armée libyenne ont été déployés hier dans les rues de Tripoli. Le gouvernement a donné 72 heures aux miliciens de Misrata pour quitter la capitale. Mais les autorités pourraient ne pas avoir les effectifs nécessaires pour y faire régner l'ordre. Selon le Pentagone, l'armée américaine se prépare à former de « 5000 à 8000 soldats libyens ». Les ministres européens des Affaires étrangères ont aussi exprimé hier leur préoccupation devant « la détérioration importante » de la situation en Libye. « Je ne vois pas de solution à court terme, dit Samir Saul. Mais une chose est sûre, il faut absolument écarter toute nouvelle intervention de l'OTAN. »