L'un des fils du dirigeant déchu libyen, Saïf al-Islam Kadhafi, a comparu jeudi devant un tribunal de Zenten dans l'ouest du pays dans le cadre de son procès pour «atteinte à la sécurité nationale» qui a été ajourné au 12 décembre.

Il s'agit de la troisième audience depuis l'ouverture en janvier 2013 du procès de Saïf al-Islam Kadhafi détenu à Zenten par des ex-rebelles depuis son arrestation dans le sud du pays en novembre 2011, environ un mois après la capture et la mort de son père Mouammar Kadhafi.

Le fils de l'ex-dictateur était également appelé à comparaître jeudi avec des responsables de l'ancien régime qui ont comparu devant une chambre d'accusation de Tripoli dans le cadre d'une autre affaire liée à la répression de la révolte de 2011.

Mais selon Ajmi al-Attiri, un membre de la brigade qui détient Saïf al-Islam, les conditions de sécurité n'ont pas permis son transfert à Tripoli réclamé par le procureur général.

À Zenten, «Saïf al-Islam Kadhafi a comparu devant le tribunal pénal qui a décidé d'ajourner l'audience au 12 décembre pour permettre la présence d'autres accusés», a indiqué à l'AFP un avocat présent dans la salle.

En tenue bleue de prisonnier, Saïf al-Islam est apparu dans le box grillagé des accusés. Flanqué de deux gardes cagoulés enfilant des gilets pare-balles, il a pu s'exprimer à la demande de son avocat, selon des images présentées comme exclusives diffusées par la chaîne satellitaire Al-Arabiya.

Il a demandé qu'il soit jugé dans la ville de Zenten dans toutes les affaires pour lesquelles il est ou doit encore être jugé.

«Au regard de la bonne marche des procédures judiciaires (...), je veux que les procès pour toutes les accusations contre moi aient lieu à Zenten», a indiqué Saïf al-Islam.

Le procès de Zenten a été intenté après qu'une délégation de la Cour pénale internationale (CPI) a été accusée d'avoir apporté un stylo-caméra pendant une visite en juin 2012 à Saïf al-Islam afin de lui transmettre une lettre codée de son ancien bras droit, Mohammed Ismaïl, l'un des hommes les plus recherchés par la justice libyenne.

La délégation de la CPI avait été retenue pendant un mois.

Saïf al-Islam et l'ex-chef des services de renseignements Abdallah al-Senoussi font l'objet de mandats d'arrêt internationaux de la CPI qui les soupçonne de crimes contre l'humanité lors de la répression de la révolte.

Tripoli et la CPI se disputent le droit de juger Saïf al-Islam Kadhafi.

Fin mai, la CPI avait débouté les autorités libyennes de leur demande de juger devant les tribunaux locaux Saïf al-Islam en raison des doutes sur la capacité du gouvernement à lui garantir un procès juste et équitable. La Libye a fait appel de cette décision.

Les autorités libyennes de transition, qui ont tenté en vain de négocier le transfert de Saïf al-Islam à Tripoli, affirment néanmoins qu'il est détenu dans un centre pénitencier sous l'autorité de l'État.

Les ex-piliers du régime plaident non coupables

M. Senoussi a comparu de son côté devant la chambre d'accusation de Tripoli avec une vingtaine de responsables de l'ancien régime, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Tous les accusés ont rejeté en bloc les charges retenues contre eux», a déclaré à l'AFP un de leurs avocats, précisant que l'audience a été ajournée au 3 octobre à la demande de la défense.

Au moins 11 chefs d'accusation ont été retenus contre ces dignitaires du régime de Kadhafi, dont assassinats, pillage et sabotage, actes portant atteinte à l'union nationale, complicité dans l'incitation au viol, enlèvement et dilapidation des deniers publics.

La chambre d'accusation a cependant le pouvoir, selon la loi, de rejeter ces accusations, de les accepter ou de demander un complément d'enquête. Ce processus pourrait prendre entre un et plusieurs mois.

La chambre s'est réunie sous haute surveillance dans un complexe pénitencier où sont détenus la plupart des responsables de l'ancien régime, pour une audience à huis clos en présence d'avocats.

Quelque 40 000 documents et 4000 pages d'interrogatoires devaient être soumis à ce tribunal de Tripoli. Cette affaire devrait déboucher sur le procès le plus important dans l'histoire de la Libye.

Abdallah al-Senoussi (ex-chef des services de renseignement) et Al-Baghdadi al-Mahmoudi (le dernier premier ministre de Kadhafi) figuraient parmi les personnalités présents dans le box des accusés, tous vêtus de l'uniforme bleu de détenus.

Des dizaines de membres de familles des victimes du massacre de la prison d'Abou Salim en 1996, se sont rassemblés devant le tribunal pour réclamer la tête d'Abdallah Senoussi, accusé d'avoir commandité une fusillade dans cette prison, ayant coûté la vie à 1200 détenus politiques.

Des avocats ont été par ailleurs malmenés et insultés par les manifestants, à leur sortie du tribunal.

«Vous êtes des traîtres. Comment pouvez-vous défendre ces assassins?», a lancé une manifestante.