Les miliciens qui assiègent deux ministères libyens depuis dimanche pour réclamer l'exclusion des collaborateurs de l'ancien régime se sont dits jeudi déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu'à satisfaction de leurs revendications.

«Nous poursuivons le blocage des ministères des Affaires étrangères et de la Justice (à Tripoli) jusqu'à ce que nos revendications soient entièrement satisfaites», a indiqué à l'AFP sous couvert de l'anonymat un membre du groupe d'hommes armés qui cernent le bâtiment des Affaires étrangères, à l'aide de véhicules équipés de canons anti-aériens et de lance-roquettes.

Ces miliciens tentent de faire pression pour que le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique de Libye, adopte une loi sur l'exclusion politique des kadhafistes qui provoque des remous au sein de la classe politique, car elle risque d'écarter plusieurs hauts responsables du pays.

«Une délégation du gouvernement d'Ali Zeidan est venue mercredi nous demander de lever le siège des ministères, mais nous avons refusé», a poursuivi le milicien.

La délégation «nous a remis une version du projet de loi qui devrait être voté par le CGN», mais les miliciens l'ont rejeté, car ils la jugent «deçà des réclamations des protestataires», a-t-il ajouté.

Dans l'après-midi, des manifestants se sont rassemblés sur la Place des martyrs dans le centre de Tripoli pour protester contre le siège imposé aux deux ministères.

Venus de Zaouia (ouest de Tripoli), ces manifestants, qui ont été rejoints par des habitants de Tripoli, agitaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrits des slogans appelant à l'État de droit, au respect de la légalité des institutions, et dénonçant l'usage de la force et des armes comme moyens de revendications.

Le ministère des Finances a été brièvement occupé lundi par les mêmes groupes, tandis que des policiers ont envahi à deux reprises dimanche et lundi le ministère de l'Intérieur pour réclamer augmentations de salaire et promotions.

Le siège de la télévision nationale libyenne avait également été brièvement bloqué dimanche par des ex-rebelles qui assuraient la protection du bâtiment. La diffusion de la chaîne n'avait toutefois pas été perturbée.

Cette escalade de la violence intervient après l'attentat à la voiture piégée non revendiqué, qui a visé le 23 avril l'ambassade de France à Tripoli au cours duquel plusieurs personnes ont été blessées dont deux gendarmes français.

Jeudi, Paris a «fermement» condamné le siège des ministères, estimant que «ces incidents répétés mettent en évidence l'urgence du rétablissement de la sécurité en Libye».