Les membres de l'Assemblée nationale ont commencé à voter mercredi soir en vue d'élire un chef de gouvernement qui aura comme priorité de rétablir la sécurité en Libye, quelques heures après une attaque à Benghazi qui a fait quatre morts américains, dont l'ambassadeur.    

Près d'un an après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, le chef du gouvernement aura également pour tâche de conduire une nouvelle période de transition.

Huit candidats, dont le chef de l'alliance des libéraux, Mahmoud Jibril, et le candidat des islamistes, l'actuel ministre de l'Électricité Awadh Al-Barassi, se sont succédé lundi et mardi à la tribune pour convaincre les 200 membres du Congrès général national (CGN), plus haute autorité politique du pays issue des élections du 7 juillet.

L'actuel vice-premier ministre Moustapha Abou Chagour, considéré comme proche des islamistes, est également candidat à la succession du chef du gouvernement de transition, Abdelrahim al-Kib.

Le président du CGN, Mohamed al-Megaryef, a été le premier à déposer son bulletin dans l'urne. Le vote se fait en deux tours : les deux candidats ayant remporté le plus de voix au premier tour seront départagés lors d'un deuxième tour.

L'opération de vote et de dépouillement devrait durer entre deux et trois heures.

Chacun des candidats avait disposé d'une séance de 90 minutes, dont 45 de questions-réponses avec les députés, diffusée en direct par la télévision libyenne.

Les programmes des candidats et les questions des députés étaient axés sur la sécurité et l'intégration des ex-rebelles ayant combattu le régime Kadhafi. La construction d'une armée et d'une police professionnelle, de même que la surveillance des frontières constituent la pierre angulaire des programmes présentés.

Les graves problèmes de sécurité ont encore été illustrés mardi soir avec la mort de l'ambassadeur des États unis en Libye, Chris Stevens, et trois fonctionnaires américains tués dans une attaque menée par des hommes armés contre le consulat américain à Benghazi (est).

Selon des sources de sécurité libyennes, les assaillants voulaient protester contre un film d'un réalisateur américano-israélien jugé offensant pour l'islam. Mais selon CNN, citant une source américaine, l'attaque aurait été planifiée et la réaction au film islamophobe ne serait qu'un prétexte.

Malgré les incidences de cette attaque condamnée par les autorités libyennes et la communauté internationale, le CGN a décidé de maintenir l'élection du premier ministre.

L'économie, le volet social et la réconciliation nationale, étaient également parmi les principaux thèmes abordés par les candidats qui étaient d'accord pour une suppression des subventions des produits alimentaires et du carburant, couplée avec une amélioration des revenus et la construction de logements sociaux.

Le gouvernement de transition avait jusque-là uniquement pour mission de gérer les affaires courantes.

Dans un rapport rédigé fin août et transmis mardi à l'AFP, les Nations unies estiment que « la sécurité publique en Libye ne sera améliorée que si le nouveau gouvernement consent des efforts importants pour appliquer des réformes dans ce domaine ».

L'ONU a exhorté les autorités à « former un nouveau gouvernement qui associe toutes les parties et qui recueille l'aval du peuple libyen ». « Ainsi, les problèmes immédiats pourront être effectivement abordés, surtout la difficile instauration d'institutions publiques solides et modernes, la collecte des armes et l'intégration des révolutionnaires dans les institutions chargées de la sécurité, autant d'éléments qui feront avancer le pays sur la voie de la démocratie, de la réconciliation nationale et de la stabilité ».

L'Alliance des forces nationales (AFN) de Mahmoud Jibril, une coalition d'une soixantaine de petits partis libéraux menée par des architectes de la révolte de 2011, détient 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques.

Le Parti de la justice et de la construction (PJC) issu des Frères musulmans est la deuxième formation politique avec 17 sièges.

Les 120 sièges restants ont été attribués à des candidats indépendants aux allégeances et convictions encore floues.