Le droit de Saïf al-Islam à un procès équitable a été « irrémédiablement compromis », a déclaré vendredi son avocate, l'Australienne Melinda Taylor, qui a été libérée le 2 juillet après avoir été détenue pendant près d'un mois en Libye.

« Indépendamment de toutes les questions concernant ma propre conduite personnelle, les droits de mon client, M. Saïf al-Islam, ont été irrévocablement compromis pendant ma visite à Zenten », a déclaré Mme Taylor, lors d'une conférence de presse dans la banlieue de La Haye, à Voorburg.

L'équipe de défense de Saïf al-Islam, composée de Melinda Taylor, 36 ans, et de l'avocat désigné par la CPI, Xavier-Jean Keïta, estime que « les évènements récents ont complètement démontré qu'il sera impossible pour M. Kadhafi d'être jugé de manière impartiale et indépendante dans les tribunaux libyens », a ajouté Mme Taylor.

Celle-ci avait été arrêtée le 7 juin en Libye avec la délégation de la Cour pénale internationale (CPI) dont elle faisait partie après avoir rendu visite au fils du défunt Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, emprisonné à Zenten, à 170 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, depuis son arrestation.

Saïf al-Islam, 40 ans, fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour des crimes contre l'humanité commis pendant la révolte qui a provoqué la chute puis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011.

Les autorités libyennes ont accusé la délégation d'atteinte à la « sécurité nationale ».

Mme Taylor, 36 ans, est en effet accusée d'avoir apporté un stylo-caméra lors de sa visite et d'avoir essayé de transmettre à Saïf al-Islam une lettre codée de son ancien bras droit, Mohammed Ismaïl, l'un des hommes les plus recherchés par la justice libyenne.

« Les autorités libyennes ont délibérément trompé la défense au sujet de la surveillance de la rencontre avec M. Kadhafi et elles ont saisi des documents qui étaient protégés par le secret professionnel et les consignes de la CPI », a ajouté Mme Taylor.

Outre l'avocate australienne, son interprète libanaise Helen Assaf et deux membres du greffe, le Russe Alexander Khodakov, 60 ans, et le chef de la section d'aide aux conseils, l'Espagnol Esteban Peralta Losilla, 48 ans, étaient détenus, selon la CPI.

Les ex-rebelles de Zenten, qui détiennent Saïf al-Islam, ont traité les quatre employés de la CPI « avec respect et dignité », selon Mme Taylor, qui a précisé avoir pu parler avec sa famille une fois pendant ses 26 jours de détention.

« Parler avec ma fille de deux ans dans de telles circonstances a été à la fois vital et déchirant », a assuré Mme Taylor.

Les autorités libyennes, qui souhaitent juger elles-mêmes Saïf al-Islam, ont déposé le 1er mai une requête contestant la compétence de la CPI pour poursuivre le seul fils de l'ancien dirigeant à être détenu en Libye.