L'actuel chef du Conseil militaire de Tripoli, Abdelhakim Belhaj, a porté plainte contre le Royaume-Uni, qu'il accuse de l'avoir remis en 2004 au régime libyen de Mouammar Kadhafi, se rendant complice des mauvais traitements qu'il a subis, ont annoncé ses avocats lundi.

En 2004, Abdelhakim Belhaj, alors leader du Groupe islamique combattant libyen, opposé au régime Kadhafi, vivait à Pékin avec sa femme Fatima Bouchar, selon ses avocats britanniques.

Craignant d'être sous surveillance, le couple avait décidé de déménager au Royaume-Uni. Mais en route, il avait été déporté en Malaisie, puis en Thaïlande où il a été détenu «probablement dans une prison américaine secrète» et soumis à un «traitement barbare», selon les avocats de M. Belhaj.

Citant des documents trouvés cette année en Libye après la chute du régime Kadhafi, les avocats de M. Belhaj affirment que le Royaume-Uni a alerté la Libye sur la présence du couple en Malaisie, avant d'aider à son rapatriement en Libye via un vol secret américain.

Ils affirment que M. Belhaj a passé six ans dans «l'une des prisons les plus cruelles» de Libye, période pendant laquelle il a été interrogé notamment par des Britanniques. De son côté, Fatima Bouchar a été emprisonnée pendant trois mois, avant d'être libérée à temps pour la naissance de son enfant.

Dans une lettre trouvée récemment en Libye et attribuée à Mark Allen, alors responsable du contre-terrorisme au sein des services secrets britanniques, ce dernier remercie les Libyens dans cette affaire.

«Les renseignements concernant Abu Abd Allah Sadiq (nom de guerre de Abdelhakim Belhaj) émanaient du Royaume-Uni. Je sais que je n'ai pas payé pour l'avion (qui l'a ramené en Libye), mais je pense que j'ai le droit de m'adresser à vous directement sur le sujet et je suis très reconnaissant pour l'aide que vous nous apportez», a écrit M. Allen, cité par les avocats de M. Beljah.

Interrogé lundi, le ministère britannique des Affaires étrangères a confirmé la procédure judiciaire lancée par M. Beljah.

Il a réaffirmé que «le gouvernement s'opposait fermement à la torture», ajoutant qu'une enquête britannique était en cours sur des allégations de complicité de mauvais traitements de détenus à la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.