Le commandant canadien responsable des opérations de l'OTAN en Libye a affirmé que l'alliance ignorait qu'elle avait Mouammar Kadhafi dans sa mire lorsque des pilotes ont ouvert le feu sur un convoi qui semblait s'enfuir de Syrte, la ville natale de l'ancien dictateur.

Les soldats tentaient plutôt d'empêcher le convoi de rejoindre un autre groupe de résistants plus à l'ouest, selon le lieutenant-général Charles Bouchard, un militaire originaire de Chicoutimi et comptant 37 années d'expérience au sein des forces armées.

«Nous avons vu un convoi, mais nous n'avions aucune idée que Kadhafi en faisait partie», a-t-il expliqué.

Le commandant a tenu une conférence de presse par vidéo en direct de Naples, en Italie, lundi, au cours de laquelle il a commenté pour la première fois les frappes de jeudi.

«En réalité, j'ai été surpris d'apprendre que Kadhafi se trouvait dans la région de Syrte», a-t-il avoué.

Kadhafi a survécu à la première attaque, mais a été tué plus tard. Les circonstances exactes de sa mort restent floues.

Le général Bouchard a indiqué que la surveillance aérienne de l'OTAN avait décelé quelques 175 véhicules qui se rassemblaient à Syrte plus tôt jeudi, se préparant à évacuer des loyalistes de la ville assiégée alors que les combattants du Conseil national de transition (CNT) s'apprêtaient à mener l'assaut final.

«Les véhicules commençaient à sortir de la ville, ce qui a fait naître l'inquiétude que (les forces) de Syrte allaient tenter de rejoindre les forces loyalistes restantes à Bani Walid, pour se déplacer vers un autre secteur désertique,» a expliqué le commandant Bouchard.

Syrte et Bani Walid, située à environ 250 kilomètres au nord-ouest, constituaient les deux derniers bastions des forces loyales au colonel Kadhafi.

«Nous tentions, premièrement, de briser le convoi, de le séparer en petits groupes et de le ralentir, et c'est ce que nous avons fait», a résumé le commandant Bouchard, ajoutant que la présence d'armes dans plusieurs véhicules en faisait une cible légitime.

Vendredi dernier, l'alliance avait indiqué avoir l'intention de mettre un terme à la mission d'ici la fin du mois. Une porte-parole de l'OTAN a dit que le secrétaire-général Anders Fogh Rasmussen consultait présentement le gouvernement libyen par intérim et les Nations unies à ce sujet.

Selon un proche de la mission de l'OTAN, les instances dirigeantes devraient annoncer mercredi que les opérations se termineront le 31 octobre. Il s'exprimait sous le sceau de l'anonymat.

Par ailleurs, un porte-parole des combattants détenant le dépouille de Mouammar Kadhafi a affirmé que le dictateur déchu serait probablement enterré mardi dans un endroit secret.

Ibrahim Beit al-Mal, une porte-parole du conseil militaire de la ville de Misrata, a affirmé à l'Associated Press lundi qu'il était «certain à 90 pour cent que les corps seront enterrés demain (mardi)».

Les dépouilles du colonel Kadhafi, de l'un de ses fils ainsi que d'un ancien ministre sont exposées publiquement dans une chambre froide de Misrata depuis quatre jours.