Les combattants du nouveau régime libyen avançaient rapidement lundi dans Bani Walid, un des derniers bastions de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, au moment où des proches de responsables du régime déchu fuyaient le dernier carré loyaliste à Syrte.

Les forces du Conseil national de transition (CNT, ex-rébellion), qui ont attaqué la ville par le nord et le sud, se sont rejointes dans le centre-ville de Bani Walid, située à 170 km au sud-est de Tripoli, selon Salem Ghit, un commandant pro-CNT.

La ville a été «libérée à 90 %», ont affirmé des combattants pro-CNT à un journaliste de l'AFP, positionné à l'entrée sud de la ville.

Ils ont précisé qu'il n'y avait plus de tireurs embusqués dans le centre-ville, mais encore des poches de résistance des pro-Kadhafi dans quelques secteurs. Des opérations de ratissage étaient en cours, selon eux.

Une intense colonne de fumée noire s'élevait au-dessus du centre de la ville, selon le reporter de l'AFP, qui entendait des combats à l'arme légère et aux roquettes.

Après d'intenses combats lundi matin, les forces du nouveau pouvoir sont également parvenues à déloger les partisans de Mouammar Kadhafi de l'aéroport, situé au sud de la ville, selon Salem Ghit, qui a fait état d'au moins deux morts et 70 blessés depuis dimanche soir.

«Il n'y a plus de forces de Kadhafi dans l'aéroport», a-t-il dit, affirmant toutefois que ses combattants avaient choisi de se positionner sur les hauteurs d'Al-Kassara, qui surplombent l'aéroport et de ne pas occuper les bâtiments, pour ne pas être une cible facile des pro-Kadhafi.

Les forces du CNT, qui assiègent l'oasis de Bani Walid depuis plus d'un mois, avaient lancé dimanche une nouvelle offensive sur la ville.

Les combats avaient été suspendus il y a une semaine par les commandants du CNT qui souhaitaient mettre de l'ordre dans les rangs après de lourdes pertes dues à la désorganisation de leurs troupes face aux pro-Kadhafi retranchés dans la ville, estimés à 1 500 hommes par le CNT.

La semaine dernière, faute de coordination entre des brigades venues des quatre coins de l'Ouest libyen, les pro-CNT avaient dû abandonner l'aéroport qu'ils venaient de prendre, enregistrant 17 morts et plus de 80 blessés dans leurs rangs.

Les forces du CNT comptaient sur la chute de Syrte, à 360 km de Tripoli, pour rassembler leurs forces sur le front de Bani Walid, mais elles font face depuis une semaine à une résistance acharnée du dernier carré loyaliste dans cette ville-symbole.

Lundi, la fuite de plusieurs proches de responsables du régime déchu de Mouammar Kadhafi, notamment la mère et le frère de Moussa Ibrahim, ancien porte-parole du Guide en fuite, a relancé toutefois l'espoir des combattants pro-CNT pour une prise rapide de Syrte, région d'origine de Mouammar Kadhafi.

Une demi-douzaine de véhicules, avec des hommes, des femmes et des enfants, ont fui dans la matinée les quartiers «Dollar» et «N°2», où sont retranchés les forces pro-Kadhafi, sans toutefois que s'y trouvent de «gros poissons», a indiqué Wassim ben Hamidi, en charge des opérations sur le front Est.

Selon un autre commandant pro-CNT, Hassan al-Droe, les fuyards ont affirmé que Mouatassim Kadhafi, un des fils de l'ex-dirigeant, se trouvait encore à Syrte.

Des informations contradictoires circulent régulièrement parmi les forces du CNT sur la présence de proches de M. Kadhafi à Syrte et Bani Walid. La semaine dernière, la capture de Mouatassim Kadhafi à Syrte avait été annoncée, avant d'être finalement démentie.

«Notre stratégie d'encerclement des quartiers fonctionne puisque, comme vous pouvez le voir, des familles de responsables de (l'ancien) régime sont en train de fuir», veut croire M. Hamidi.

Peu après, les bombardements à l'arme lourde ont repris sur les quartiers «Dollar» et «N°2», au nord-ouest de Syrte, où depuis plusieurs jours les derniers partisans du «Guide» déchu opposent une résistance féroce.

«Nous encerclons le quartier de tous les côtés», a expliqué à un journaliste de l'AFP Hassan al-Droe.

Le CNT attend la chute de Syrte pour proclamer la «libération totale» du pays et former un gouvernement chargé de gérer la transition.

À Tripoli, le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, en visite dans la capitale libyenne a annoncé la réouverture de l'ambassade du Royaume-Uni et souligné l'importance de l'intégration des combattants dans le processus de transition.

«Il est important que les milices de civils soient intégrées dans le processus de transition mis en oeuvre par le Conseil national de transition, et bien entendu dans le gouvernement national de transition qui sera formé une fois que sera proclamée la libération du pays», a-t-il déclaré à l'issue d'une rencontre avec le président du CNT, Moustapha Abdeljalil.