Les forces des nouvelles autorités en Libye sont entrées vendredi dans l'oasis de Bani Walid et avançaient dans la ville de Syrte, où de violents combats se déroulaient pour la conquête de ces bastions du régime déchu de Mouammar Kadhafi.

Parallèlement, l'Assemblée générale de l'ONU a voté pour attribuer le siège de la Libye au Conseil national de transition (CNT), issu de la rébellion, alors que le président des États-Unis Barack Obama va rencontrer mardi à New York le président du CNT, Moustapha Abdeljalil.

Au lendemain des visites en Libye des premiers leaders occidentaux depuis la chute du régime Kadhafi, le Français Nicolas Sarkozy et le Britannique David Cameron, c'est le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui a fait le déplacement vendredi pour saluer «la victoire» de la démocratie dans ce pays.

«Les révolutionnaires sont entrés dans Bani Walid», située dans le désert à 170 km au sud-est de Tripoli, a déclaré à l'AFP Mahmoud Chammam, porte-parole du CNT, en espérant que «la situation sera réglée ce soir».

De violents combats avaient lieu dans l'après-midi dans le secteur du marché avec des tirs de roquettes. «Les pro-Kadhafi se retranchent dans un seul quartier, celui de Dawim», a dit un combattant du CNT Hatem Tajouri à l'AFP, sans être en mesure de donner un bilan des victimes.

Selon des témoins, une dizaine d'ambulances ont évacué une quinzaine de blessés parmi les combattants pro-CNT.

Avant d'ouvrir cette nouvelle brèche dans les rares régions encore fidèles à Mouammar Kadhafi, les pro-CNT sont entrés jeudi soir à Syrte, la région natale de l'ex-leader en fuite située à 360 km à l'est de la capitale, six jours après l'expiration de l'ultimatum lancé par les nouvelles autorités aux pro-Kadhafi.

Les combats se poursuivaient dans la ville méditerranéenne avec notamment de lourds combats autour de l'aéroport. Plusieurs dizaines de pick-up lourdement armés et trois chars des renforts pro-CNT venus de l'ouest y sont entrés.

«Les révolutionnaires contrôlent déjà la moitié de Syrte et si Dieu le veut nous allons prendre la seconde moitié aujourd'hui», a déclaré Ibrahim Sweyib, un combattant du CNT.

Les forces pro-CNT ont jusque-là déploré 11 morts et 34 blessés dans la bataille de Syrte.

Un étudiant de 20 ans, Abdel al-Mutaly a déclaré à l'AFP qu'il ignorait jusqu'à ce vendredi que Tripoli était tombé aux mains des combattants du CNT. Selon lui, il n'y a «pas d'électricité» à Syrte depuis un mois, et «les gens ignoraient complètement ce qui se passait à l'extérieur» de la ville.

Le porte-parole du dirigeant déchu, Moussa Ibrahim, également en fuite, a assuré que les pro-Kadhafi étaient «très bien préparés» et déterminés à «résister jusqu'à la victoire», dans une intervention par téléphone sur la chaîne Arraï basée en Syrie.

Sur le plan diplomatique, M. Erdogan a dit être «heureux d'avoir été témoin de la victoire et de l'avènement de la démocratie en Libye», pour sa première visite à Tripoli après la chute du régime de Mouammar Kadhafi.

«Je m'adresse à Syrte et à Bani Walid, embrassez vos frères et joignez-vous aux autres Libyens», a-t-il poursuivi dans un appel aux pro-Kadhafi, après avoir participé à la prière hebdomadaire sur la place des Martyrs, anciennement la place Verte.

La veille, le président français Nicolas Sarkozy a affirmé lors de déplacements à Tripoli et Benghazi (est) que Mouammar Kadhafi, en fuite depuis le 23 août, était encore «un danger» et qu'il y avait donc «un travail à terminer», le premier ministre britannique David Cameron promettant d'aider à sa traque.

Aussi bien M. Sarkozy que M. Cameron se sont engagés à poursuivre leur aide au CNT, aux niveaux militaire et matériel.

Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait adopter vendredi un projet de résolution, présenté par la Grande-Bretagne, qui prévoit la levée d'une partie du gel des avoirs et de l'embargo sur les armes visant la Libye, ainsi que l'envoi d'une mission de trois mois pour aider le gouvernement intérimaire à organiser des élections et à rédiger une nouvelle Constitution.

Enfin, le président bissau-guinéen Malam Bacaï Sanha a désavoué son premier ministre Carlos Gomes Junior qui avait déclaré que Mouammar Kadhafi serait accueilli «à bras ouverts» à Bissau.