Kadhafi avait disparu depuis longtemps, mais deux de ses partisans armés et postés devant l'hôtel Rixos, à Tripoli, étaient toujours convaincus hier matin que leur chef avait la situation bien en main. De fait, depuis six jours, à la pointe de la mitraillette, ils empêchaient la trentaine de journalistes étrangers qui logeaient à l'hôtel d'en sortir, afin, disaient-ils, de les protéger contre les rebelles.

Hier matin, placés devant l'évidence de leur défaite, les mercenaires ont finalement rendu les armes. Les journalistes, soulagés et épuisés, ont été secourus par la Croix-Rouge. Ils avaient passé les dernières nuits entassés dans un corridor, munis de casques et de gilets pare-balles.

Matthew Price, correspondant de la BBC, a raconté que l'un des gardiens s'est laissé glisser sur le sol et a fondu en larmes. «Il a peur que les rebelles le tuent s'ils le trouvent. Il vient de réaliser que la partie est terminée.» Le journaliste a raconté avoir eu un choc en quittant l'hôtel. «C'était une ville complètement différente de celle que nous avions vue sept jours plus tôt. Les chars sont là, les dommages aussi, mais les gens dans la rue sont différents. Ils s'opposent tellement à ce régime vieux de 42 ans qu'ils étaient prêts à risquer leur vie pour s'en débarrasser.»