La capitale libyenne, théâtre de violents affrontements dans les derniers jours, avait hier toutes les apparences d'une ville abandonnée.

À l'arrivée de La Presse en fin de matinée par la route de Zaouïa, à l'ouest de la ville, il était difficile de trouver un résidant dans les rues, et pratiquement tous les commerces étaient fermés.

En périphérie, devant les rares points de distribution d'essence, des automobilistes désespérés se disputaient pour quelques litres.

Alors que les civils se font discrets, les rebelles sont omniprésents sur la route principale, où ils ont aménagé des dizaines de points de contrôle. Plusieurs barricades de fortune, faites de lits, d'électroménagers ou de véhicules carbonisés, bloquent les accès aux artères secondaires.

«Welcome!», a lancé un émule de Che Guevara en agitant sa mitraillette pour faire passer la voiture remplie de journalistes étrangers.

«Que pensez-vous des rebelles libyens?», a demandé en souriant un jeune combattant au milieu de plusieurs camarades, quelques centaines de mètres plus loin.

Ben Alemen, Libano-Américain qui a quitté l'Arizona en avril pour participer au soulèvement populaire, dit qu'il a bon espoir que Mouammar Kahdafi soit bientôt retrouvé. «Tout le monde qui vit ici a des problèmes avec lui. Tout le monde a une raison de le combattre», a indiqué l'homme de 40 ans, arrivé récemment de la ville rebelle de Misrata.

Les combats pour prendre la capitale, hier largement dominés par les rebelles malgré quelques poches de résistance, ont été féroces et ont laissé des traces sur plusieurs immeubles du centre-ville, éventrés à l'arme lourde.

Des éclats de verre jonchent les rues encombrées de carcasses de voitures calcinées.

À Zaouïa, ville côtière que les rebelles ont conquise il y a une semaine, le paysage est similaire. Plusieurs immeubles sont criblés de balles ou noircis par le feu.

Ici et là, des graffitis montrant Mouammar Kadhafi dans une poubelle ou avec une arme pointée sur la tête rappellent qui sont les nouveaux maîtres des lieux.