L'Afrique du Sud a refusé mercredi, lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies, de débloquer les avoirs libyens gelés par une résolution de l'ONU, comme le réclame Washington qui souhaite aider le Conseil national de transition (CNT).

Les États-Unis ont indiqué qu'ils allaient demander un vote au Conseil de sécurité sur une résolution autorisant le déblocage de ces fonds.

Avant de donner son accord pour débloquer les avoirs libyens, l'Afrique du Sud souhaite que le Conseil de sécurité attende de savoir si l'Union africaine (UA) reconnaît ou non le CNT lors d'une réunion jeudi.

Les négociations entre les deux pays et les autres membres du Conseil de sécurité doivent se poursuivre jusqu'au délai imposé par les États-Unis, soit jeudi 15h00 locales.

Les avoirs libyens ont été gelés le 26 février par une résolution de l'ONU qui imposait des sanctions sévères à Mouammar Kadhafi, sa famille et son entourage, en réponse à la répression brutale menée contre l'opposition en Libye.

Les États-Unis souhaitent pouvoir débloquer une aide immédiate de 1,5 milliard de dollars à destination de la Libye, au moment où le régime Kadhafi semble près de s'effondrer.

Washington a demandé une telle autorisation le 8 août au comité des sanctions de l'ONU, mais l'Afrique du Sud s'y était déjà opposée.

«Nous espérons encore que cette question pourra être résolue par un consensus dans les prochaines 24 heures», a indiqué mercredi au terme de la réunion Mark Kornblau, porte-parole de la mission américaine à l'ONU.

«Si ce n'est pas le cas, nous projetons de demander un vote demain sur une résolution» autorisant le déblocage des fonds libyens, a-t-il ajouté, soulignant «les besoins urgents au niveau humanitaire» en Libye.

L'ambassadeur d'Afrique du Sud à l'ONU, Baso Sangqu, a déclaré de son côté: «l'ensemble des 15 membres du Conseil de sécurité sont inquiets de la crise humanitaire, que ce soit à Tripoli ou a Benghazi. Mais nous voulons nous assurer que nous suivons le bon processus, que nous respectons la loi».

«Nous proposons simplement de nous donner du temps, l'UA se réunit demain (jeudi) afin de se prononcer sur la Libye, pour prendre une décision sur une reconnaissance du CNT ou non», a-t-il ajouté.

«Si le comité des sanctions n'agit pas aujourd'hui (mercredi)», avait commenté avant la réunion un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat, «nous soutiendrons la tentative de certains autres pays pour que cela soit fait au Conseil de sécurité».

La France et le Royaume-Uni ont demandé mercredi matin une telle réunion pour discuter d'un allègement des sanctions, et qui aurait lieu vendredi.

La source au département d'État a encore critiqué, dans une allusion transparente à l'Afrique du Sud, «un pays qui emploie des manoeuvres dilatoires tous les jours depuis quatre jours». «Les Libyens ont besoin de leur argent», a insisté le diplomate américain.

«Le temps presse», a également estimé le diplomate occidental parlant à l'ONU: «L'argent est nécessaire pour alimenter en carburant les générateurs électriques des hôpitaux et les usines de désalinisation de l'eau de mer ou d'autres installations qui risquent de tomber en panne dans quelques jours».