Le numéro deux de la rébellion libyenne est revenu mardi soir sur l'annonce erronée de l'arrestation de Saïf al-Islam, l'un des fils du colonel Kadhafi, une information erronée mais qui a eu pour conséquence de nombreux «gains politiques et militaires».

«Je vous dois la transparence dans cette histoire», a déclaré à Doha Mahmoud Jibril, qui dirige l'exécutif de la rébellion et est le numéro deux du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des rebelles.

«La vérité, c'est qu'après le soulèvement (de Tripoli), des rebelles m'ont appelé pour me dire que Saïf avait été arrêté. Je leur ai demandé s'ils l'avaient vu eux-mêmes, ils m'ont dit non», a expliqué M. Jibril.

«Je leur ai donc demandé d'aller voir où Saïf était soi-disant détenu, et qu'ils me rappellent après l'avoir vu de leurs propres yeux (...). Ils ne m'ont pas rappelé».

«J'ai appelé M. Abdeljalil (Moustapha, président du CNT) pour lui faire état de cette information non confirmée. Nous avons pris l'inititive d'appeler la CPI (Cour pénale internationale) pour leur en parler», a-t-il poursuivi.

«L'information est sortie dans les médias. Pendant deux jours, Saïf n'a pas donné de nouvelles. Nous avons pensé soit qu'il avait peur et se cachait, soit qu'il avait été effectivement capturé», a encore expliqué M. Jibril.

«Politiquement et militairement, nous avons gagné beaucoup avec cette information non confirmée. Cette action n'était pas planifiée de notre part», a-t-il assuré.

Lundi, M. Abdeljalil avait affirmé que Saïf al-Islam et son frère Mohamed Kadhafi avaient été arrêtés dimanche à Tripoli par des combattants rebelles lors de leur avancée éclair dans la capitale.

Les deux hommes sont «entre de bonnes mains, et sous contrôle de nos révolutionnaires», avait-il assuré.

Mohamed est parvenu à s'échapper, selon une source rebelle, qui n'a donné aucune précision sur les circonstances de cette évasion.

Et Saïf al-Islam a fait une apparition surprise dans la nuit de lundi à mardi devant des journalistes dans la résidence Bab Al-Aziziya du colonel Kadhafi, ainsi que dans un hôtel proche, renforçant le sentiment de confusion régnant à Tripoli au plus fort de l'offensive rebelle.

«En deux jours, nous avons obtenu la reconnaissance de onze pays (...). Sur le terrain, des commandants militaires pro-Kadhafi ont commencé à se rendre, plus de trente officiers se sont rendus, (...) nous sommes entrés dans Bab al-Aziziya», a énuméré M. Jibril.

«La vérité, c'est que nous avons beaucoup gagné de cette annonce», même si «Saïf est réapparu devant les médias, comme dans un petit jeu, pour voler la victoire des rebelles», a-t-il conclu.