Le colonel Mouammar Kadhafi règne depuis 42 ans sur la Libye. Mais ses jours à la tête du pays sont maintenant comptés. Sami Aoun, spécialiste du Moyen-Orient et professeur à l'Université de Sherbrooke, répond à nos questions sur un avenir qui se dessine d'heure en heure.

Q: Une fois arrêté, que va-t-il arriver au colonel Mouammar Kadhafi?

R: Probablement qu'il sera livré à la Cour pénale internationale puisqu'il y a des mandats d'arrêt à son égard, à l'égard de son fils Saif al-Islam et à l'égard du chef des services de renseignements Abdallah Al-Senoussi. Avec la justice internationale, on aura davantage l'assurance que la justice sera transparente. Ça va également éviter à la nouvelle élite de tomber dans l'erreur du régime irakien, qui a fait une justice limitée et peu édifiante de l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein. Ainsi, le nouveau pouvoir pourra asseoir ses fondements non pas sur la vengeance, mais sur l'idée que la justice sera rendue.

Q: Le Conseil national de transition est-il prêt à prendre le contrôle de la Libye?

R: Oui, certainement. Cependant, si l'on se tourne vers les dernières semaines, on sait qu'il y a eu des dissensions. Mais il faut quand même comprendre qu'il va dorénavant y avoir des divergences. Il faut voir comment islamistes, libéraux, modernistes, démocrates, nationalistes arabes et autres vont cohabiter. La Libye ne sera pas gouvernée par un seul parti, ni par un seul homme.

Q: L'OTAN a appuyé les rebelles. Quelles seront leurs responsabilités au lendemain de la fin du régime de Kadhafi?

R: Premièrement, l'OTAN devrait faire tout son possible pour que la gestion du quotidien libyen soit entre les mains des Libyens. Deuxièmement, il faut que la souveraineté libyenne soit vraiment respectée et que les pays européens et les États-Unis ne se livrent pas à des compétitions et des rivalités sur le territoire. Troisièmement, la transparence doit être de mise dans la production du pétrole et les dividendes du pétrole doivent rester entre les mains des Libyens.