Abdessalem Jalloud, ancien compagnon du colonel Mouammar Kadhafi et ex-numéro deux du régime libyen, tombé en disgrâce au milieu des années 1990, a rejoint la rébellion qui a annoncé vendredi des succès militaires majeurs dans sa marche vers Tripoli.

Abdessalem Jalloud «a quitté Tripoli, il a rejoint la rébellion», a déclaré à l'AFP le porte-parole militaire de la rébellion, le colonel Ahmed Omar Bani, ajoutant: pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons révéler où il se trouve».

«Le commandant Jalloud a réussi à fuir Tripoli avec sa famille et il est arrivé vendredi dans la ville de Zenten» contrôlée par les insurgés et située au sud-ouest de Tripoli, selon une autre source rebelle ayant requis l'anonymat.

Sur le plan militaire, les rebelles ont annoncé des succès majeurs vendredi, avec la prise de contrôle des villes de Zliten et de Zawiyah dans leur avancée vers Tripoli, le bastion du régime que des milliers de personnes cherchent à fuir.

Ils contrôlaient aussi la raffinerie de Zawiyah, unique source d'approvisionnement de la capitale en essence, gazole et gaz, selon un journaliste de l'AFP. Sa prise «va provoquer «une grave crise» dans Tripoli, a déclaré un responsable de la structure, Mohamed el-Hallouj.

Après une offensive éclair lancée à l'aube contre les forces fidèles au régime, la ville côtière de Zliten (150 km à l'est de Tripoli), «est maintenant sous le contrôle de nos combattants», a affirmé à l'AFP un responsable de la rébellion.

Il a néanmoins fait état de combats toujours en cours pour en finir avec des poches de résistance et a annoncé la capture du colonel Omrane Ali Ben Salim, chef des renseignements pour Zliten, «responsable de la chasse» des militants anti-Kadhafi.

Venus de l'enclave de Misrata (50 km plus à l'est), les rebelles tentaient depuis des semaines de s'emparer de cette ville de 200 000 habitants. Mais dans un communiqué, ils ont appelé les civils à «ne pas se venger».

Aucun bilan des combats de vendredi n'était disponible, la rébellion reconnaissant juste «des morts et des blessés» dans ses rangs.

Si elle est confirmée, la prise de Zliten marquera un nouveau revers militaire pour le régime, alors que les rebelles resserrent déjà leur étau sur Tripoli par l'Ouest, coupant la voie vers la frontière tunisienne.

Sur ce front et après une semaine de combats, la rébellion a annoncé contrôler Zawiyah (40 km à l'ouest de Tripoli), où un correspondant de l'AFP a constaté qu'ils avaient pris l'hôpital, le dernier grand bâtiment occupé par les pro-Kadhafi.

«Zawiyah est libérée», ont déclaré des rebelles tout en prenant possession de l'hôpital, immense bâtisse ornée de portraits de M. Kadhafi et de drapeaux verts, couleur du régime.

Armés de fusils d'assaut, les combattants avaient auparavant pris d'assaut la place centrale de la ville, où sévissaient des tireurs embusqués, la laissant jonchée de véhicules calcinés ou renversés et d'armes abandonnées.

Depuis mercredi, les insurgés ont aussi ouvert un nouveau front à Morzuk (sud-ouest saharien) et affirment contrôler cette ville de la région désertique du Fezzan, principale ligne logistique reliant Tripoli aux frontières du sud-ouest.

Dans le même temps, l'OTAN a continué ses frappes sur Tripoli. Plusieurs cibles ont été bombardées avant l'aube dont une résidence du chef des renseignements du régime, Abdallah Senoussi, objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour des crimes contre l'humanité commis depuis le début de la révolte mi-février, selon un journaliste de l'AFP.

Des bâtiments de la résidence ont été détruits, ainsi qu'une école voisine. Des gardiens de la résidence n'étaient cependant pas en mesure de dire si M. Senoussi se trouvait dans la résidence au moment des frappes.

«C'est un quartier résidentiel. Pourquoi l'OTAN bombarde-t-il ce site? Il n'y a pas de militaires ici», a dénoncé Faouzia Ali, dont la maison, qui se trouve en face de la résidence de M. Senoussi, a été endommagée.

Les raids ont aussi visé le secteur de la résidence de M. Kadhafi, ainsi qu'un poste de la police judiciaire.

La pression militaire sur le régime s'est encore accentuée malgré un appel la veille à un cessez-le-feu du premier ministre Baghdadi Mahmoudi, qui a exclu un départ de M. Kadhafi, exigé par la rébellion.

Sur le plan humanitaire, l'intensification des combats a entraîné une «rapide détérioration de la situation humanitaire» dans plusieurs villes, où des hôpitaux ont été «attaqués ou utilisés à des fins militaires», a déploré la Croix rouge internationale.

A Genève, l'Organisation internationale pour les migrations s'est inquiétée du sort de milliers de migrants qui sont actuellement empêchés de quitter Tripoli par la route vers la Tunisie à cause des combats. Elle prépare des plans d'évacuation, probablement par voie maritime.

Plus de 600 000 migrants ont déjà quitté la Libye depuis le début du conflit lancé le 15 février par un soulèvement populaire contre le régime et qui s'est transformé en guerre civile dans laquelle des milliers de personnes ont péri.