L'Italie a demandé vendredi à la communauté internationale et notamment à l'OTAN de se mobiliser davantage pour secourir les migrants qui fuient la Libye, à bord d'embarcations de fortune, après une nouvelle tragédie ayant fait des dizaines de morts.

L'OTAN a répondu en fin d'après-midi à des affirmations selon lesquelles un de ses bâtiments aurait refusé d'assister une embarcation en difficulté arrivée jeudi à Lampedusa après six jours de périple en Méditerranée ayant coûté la vie à des dizaines de ses passagers.

Selon Carmen Romero, porte-parole de l'organisation, l'OTAN a été «informée d'un appel de détresse» et «par la suite, les autorités italiennes nous ont indiqué qu'elles avaient répondu à l'incident en envoyant trois navires et un hélicoptère».

La porte-parole de l'OTAN n'était pas en mesure de dire si, dans les différents contacts entre responsables de l'OTAN et Italiens, une demande d'assistance avait été formulée par Rome. «Ils (les Italiens) nous ont dit qu'ils s'occupaient de ça», a-t-elle seulement expliqué.

Des sources autorisées italiennes avaient indiqué jeudi que l'aide d'un bâtiment de l'OTAN qui se trouvait à 27 milles (50 km) de l'embarcation avait été sollicitée, mais en vain.

Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a demandé à l'OTAN une «enquête formelle sur la non-assistance présumée à des bateaux de migrants fuyant la Libye» après «les polémiques» sur le bateau arrivé jeudi.

Le HCR (Haut commissariat aux réfugiés) a indiqué depuis Genève qu'il soutiendrait «toute enquête complète sur des cas où l'assistance n'aurait pas été fournie par des unités navales capables de secourir» des bateaux de migrants.

L'OTAN a assuré respecter la législation internationale en matière «d'aide dans les situations d'urgence en mer», en citant des «exemples récents», le 26 mars et le 10 juillet où des «navires de l'OTAN ont démontré notre forte détermination à respecter nos obligations».

L'Alliance a déjà été critiquée par le passé pour n'être pas venue en aide à des embarcations de réfugiés. En mai, le journal britannique The Guardian avait accusé l'OTAN d'avoir ignoré des demandes d'aide d'un bateau de 72 migrants parti de Tripoli le 25 mars et laissé 16 jours à la dérive.

Le gouvernement italien a aussi demandé à l'Alliance une «discussion interne» pour élargir sa mission au secours aux embarcations de migrants.

M. Frattini souhaite «une adaptation du mandat de la mission de sauvegarde des populations civiles en Libye (...) afin d'assurer la protection et le secours de ceux qui à cause des combats sont contraints de fuir sur des bateaux au péril de leur vie».

Il existe «une obligation de protection des civils désespérés embarqués sur des bateaux par (le dirigeant libyen Mouammar) Kadhafi et envoyés à la mort en Méditerranée», a déclaré le ministre.

Pour Flavio di Giacomo de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), «il faut considérer tous les navires de migrants partis des côtes libyennes comme automatiquement en difficulté et ayant besoin d'assistance» et les «accompagner jusqu'au premier port sûr».

Le bateau de 20 mètres de long, où s'entassaient plus de 350 migrants en majorité d'Afrique sub-saharienne, est arrivé jeudi à Lampedusa. Les garde-côtes sont allés jusqu'à 90 milles (167 km) de la petite île pour l'assister, donc dans les eaux libyennes.

Des dizaines de passagers, restés sans nourriture ni eau, sont morts pendant la traversée et leurs corps ont été jetés à la mer, selon les réfugiés et des médecins d'ONG. Une femme marocaine a parlé d'une centaine de victimes.

Pour éviter de nouveaux drames, la porte-parole du HCR (Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU) en Italie, Laura Boldrini, a préconisé «une amélioration de la collaboration entre les navires en Méditerranée».

Selon elle, «au moins 1 500 réfugiés» ont disparu corps et âme pendant leur traversée vers l'Europe depuis le début des combats en Libye à la mi-mars, chiffrant à 24 000 ceux qui ont atteint les côtes italiennes.

L'ONG Save The Children a réclamé «l'ouverture urgente de couloirs humanitaires».

MSF a rappelé que le droit international impose d'«offrir secours et protection aux personnes fuyant la Libye.»

Lundi, 25 migrants avaient été retrouvés morts asphyxiés dans la cale d'une embarcation arrivée à Lampedusa avec 300 réfugiés à son bord.

En avril, 250 migrants avaient péri dans le naufrage de leur bateau au large de Lampedusa.