Le commandant des opérations de l'OTAN en Libye, le lieutenant-général Charles Bouchard, a affirmé jeudi qu'en organisant le retrait de certaines troupes qui lui sont loyales, le colonel Mouammar Kadhafi leur ordonne de détruire quelques infrastructures, notamment des raffineries de pétrole.

Cette apparente politique de la terre brûlée survient alors que le groupe de contact sur la Libye, formé de quelque 40 pays, dont le Canada, se réunira vendredi en Turquie pour discuter d'une solution au conflit en cours entre les forces de Kadhafi et les rebelles libyens.

Le lieutenant-général Bouchard a précisé qu'il n'est pas certain que les ordres du leader libyen soient suivis.

Le militaire canadien, qui a tenu ces propos lors d'un point de presse à Naples, en Italie, n'a pas voulu en dire davantage sur le comportement des troupes.

Le commandant a ajouté qu'il est de plus en plus évident que le colonel Kadhafi n'hésitera pas à ordonner des assassinats chez son propre peuple si cela peut l'aider à atteindre ses objectifs.

«Soyons clair: même si Kadhafi donne une orientation, ce n'est pas garanti que ses propres soldats vont la suivre», a-t-il souligné.

Le lieutenant-général Bouchard a par ailleurs rappelé qu'il était fréquent de voir des soldats fidèles à Kadhafi faire défection.

La mission de l'Organisation du traité de l'Atlantique-Nord (OTAN) en Libye, qui est sanctionnée par les Nations-unies, en est à son quatrième mois de déploiement. Six avions de chasse canadiens y participent; leur but est d'assister les rebelles anti-Kadhafi et de protéger les civils.

Le lieutenant-général Bouchard a mentionné que Kadhafi maintenait toujours sa poigne sur la capitale libyenne, Tripoli.

Le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay, a nié les allégations selon lesquelles la mission serait dans l'impasse entre Kadhafi et les rebelles libyens.

«Nous souhaitons tous qu'un conflit soit résolu avant même qu'un premier coup de feu soit tiré. Dans le cas présent, il ne fait pas de doutes qu'il s'agit d'un conflit très complexe et absorbant», a-t-il soutenu lors d'un passage en Italie pour visiter le personnel canadien.

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, sera quant à lui à Istanbul vendredi pour assister à cette quatrième rencontre du groupe de contact sur la Libye. Il s'agit de sa première participation aux réunions du groupe d'État qui tente de planifier un après-Kadhafi en Libye.

M. Baird avait rendu visite aux rebelles libyens le mois dernier dans leur bastion de Benghazi, après que le Canada les eut reconnus comme les représentants légitimes du peuple libyen.

La Turquie devrait soumettre une feuille de route qui pourrait permettre de résoudre le conflit.

Les détails de ce plan n'étaient pas connus, jeudi.