Le régime de Mouammar Kadhafi a proposé jeudi un cessez-le-feu et écarté tout départ du leader libyen, alors qu'au sommet du G8, le président français Nicolas Sarkozy évoquait pourtant la possibilité de discuter de son sort s'il quittait le pouvoir.

«Déjà que M. Kadhafi dise qu'il quitte le pouvoir, et après, toute la discussion est possible», a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse au sommet du G8 réuni à Deauville , en France. «Quand nous disons que M. Kadhafi doit partir, c'est qu'il doit quitter le pouvoir. Et le plus tôt il le fera, plus le choix sera grand pour lui, plus tard il le fera, plus les destinations se réduiront», a insisté M. Sarkozy.

Selon un projet de déclaration finale du sommet, les dirigeants du G8, qui achèveront leurs débats vendredi, vont demander «l'arrêt immédiat de l'usage de la force par le régime de Kadhafi», et vont soutenir «une solution politique qui reflète la volonté du peuple».

Mercredi, le président américain Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron s'étaient engagés à maintenir la pression militaire sur Tripoli.

Le régime libyen, en proie à une révolte sans précédent depuis la mi-février, est sous le feu depuis plus de deux mois des raids d'une coalition internationale intervenue le 19 mars sous mandat de l'ONU pour assurer la protection des civils.

Autre signe d'isolement grandissant du leader libyen: la défection de l'ambassadeur de Libye auprès de l'UE et des pays du Benelux, Hadeiba Alhadi, ainsi que de tous ses collaborateurs, pour protester contre «quatre mois d'effusion de sang de notre peuple».

Mais face aux pressions internationales, aux frappes de la coalition et aux défections, le régime ne fléchit pas.

Il a ainsi réaffirmé que Mouammar Kadhafi ne quitterait pas le pouvoir, car «il est dans le coeur de tous les Libyens».

«S'il part, les Libyens partent avec lui», a indiqué à la presse le chef du gouvernement Baghdadi Al-Mahmoudi.

Le régime libyen a par ailleurs indiqué avoir demandé à l'ONU et à l'Union africaine (UA) de fixer une date et une heure précises pour un cessez-le-feu et «de prendre les dispositions nécessaires» pour l'arrêt des combats, a déclaré M. Mahmoudi.

Le régime «est sérieux dans sa proposition de cessez-le-feu qui doit coïncider avec un arrêt des combats de toutes les parties et surtout de l'OTAN», qui a pris la tête de la coalition fin mars, a poursuivi M. Mahmoudi.

Selon une source gouvernementale britannique citée jeudi par The Independent, les pays occidentaux pourraient accepter un cessez-le-feu à la condition que Kadhafi parte en exil.

Dans le même temps, l'UA a appelé l'OTAN à cesser ses bombardements, à l'issue d'un mini-sommet sur le sujet à Addis Abeba, en Éthiopie.

«Ceci fait partie des exigences pour que des solutions politiques deviennent possibles», a souligné le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.

Du côté des rebelles, le chef de la délégation du Conseil national de transition (CNT) à ce mini-sommet, a également plaidé pour une «solution pacifique à la crise» tout en défendant les frappes de l'OTAN.

«Sans l'OTAN, nous aurions été témoins de massacres (...) similaires à ceux qui se déroulèrent au Rwanda (en 1994)», a déclaré à la presse Abdallah Al-Zoubedi.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a demandé des mandats d'arrêt contre Mouammar Kadhafi, son fils aîné Saïf Al-Islam et le chef des services de renseignements, Abdallah Al-Senoussi, pour crimes contre l'humanité.

La révolte en Libye a fait des milliers de morts selon M. Moreno-Ocampo, et poussé près de 750 000 personnes à fuir, selon l'ONU.

Jeudi, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a estimé que l'arrestation de l'ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, était un «avertissement» aux leaders du régime libyen, pour leur rappeler qu'ils ne pourront pas échapper à la justice.

Dans la capitale libyenne, cible ces derniers jours de raids intensifs de l'OTAN, quatre explosions ont été entendues dans la nuit de mercredi à jeudi par un journaliste de l'AFP. Plus tôt, la coalition avait mené des raids sur la ville de Nalout (ouest), selon l'agence libyenne Jana.

Le premier ministre français François Fillon a indiqué jeudi que des hélicoptères français pourraient être utilisés pour «relâcher la pression» sur Misrata (ouest), et empêcher les troupes de Mouammar Kadhafi «d'accroître leur pression sur les insurgés».

L'emploi d'hélicoptères de type Tigre et Gazelle signifie que les forces françaises entendent se rapprocher du sol.