Les rebelles libyens, incapables de progresser sur le terrain face aux forces du colonel Kadhafi, cherchent à se construire une légitimité internationale avant la réunion mercredi au Qatar du groupe de contact sur la Libye.

Une délégation du Conseil national de transition (CNT), le gouvernement auto-proclamé qui contrôle l'est de la Libye, doit se rendre à Doha et ses représentants tentent également de nouer des contacts avec des pays amis, a précisé à l'AFP Moustapha Gheriani, un des responsables de la communication.

Leur représentant pour les affaires internationales, Ali al-Essaoui, et leur chef militaire Abdelfatah Younès, ont rencontré mardi des responsables italiens à Rome, a-t-il précisé.

Le dirigeant des rebelles, Moustapha Abdeljalil, doit lui aller à Rome vendredi, a indiqué le ministère italien des Affaires étrangères.

Ce ballet diplomatique vise à asseoir la stature internationale du CNT pour qu'il soit considéré comme le gouvernement libyen légitime en lieu et place de celui de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans.

Une telle reconnaissance pourrait lui donner accès aux milliards de dollars de fonds destinés à la Libye, actuellement gelés par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne et la possibilité d'obtenir des crédits aux taux accordés aux Etats souverains.

Jusqu'à présent, seuls la France, l'Italie et le Qatar ont reconnu la légitimité du CNT, installé à Benghazi, la principale ville de l'Est libyen et la deuxième agglomération du pays après la capitale Tripoli.

Les chefs de la rébellion font part de leur espoir de voir d'autres capitales suivre cette voie, notamment Washington et Londres.

Le CNT se considère comme le précurseur d'un Parlement libyen dont les membres seraient élus pour un mandat de quatre ans, a expliqué Moustapha Gheriani.

Il est actuellement composé de 31 membres mais seulement 13 d'entre eux sont identifiés, les autres vivent à Tripoli et dans d'autres zones encore contrôlées par Mouammar Kadhafi et leur identité est gardée secrète pour «des raisons de sécurité», a-t-il ajouté.

«Il n'y a pas de tradition de partis politiques en Libye et ils ne peuvent pour cette raison être affiliés à une famille politique; en ce sens, ce sont des inconnus. Mais de par leur passé, ils sont généralement connus, car ce sont surtout des universitaires et des avocats», a souligné Molly Tarhouni, une analyste indépendante actuellement présente à Benghazi.

Pour faire pièce aux critiques qui accusent le CNT d'être une entité élitiste et peu représentative en raison de la présence de nombreux exilés en son sein, aucun de ses 31 membres ne se présentera lors des élections qui seront organisées après la fin du conflit qui déchire le pays depuis près de deux mois.

Le CNT est actuellement dirigé par Moustapha Abdeljalil, un ancien ministre de la Justice de Kadhafi. Abdelfatah Younès, son chef militaire, était pour sa part ministre de l'Intérieur.

Parmi ses autres membres figurent, outre Ali al-Essaoui, Ali Tarhouni, chargé de l'économie, des finances et du pétrole, Joumaa al-Osta, responsable des infrastructures, Mahmoud Shammam, chargé des média et de l'information, et Mohammed al-Alagi pour la Justice. Le porte-parole est Abdel Hafiz Ghoqa.

Un comité désigné sous le nom «d'équipe de crise» est dirigé par Mahmoud Jibril, qui est souvent à l'étranger pour recueillir des soutiens pour la rébellion.

Moussa Koussa, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Kadhafi, qui a fait défection en Grande-Bretagne et se rendra à Doha mercredi, «n'a aucun lien d'aucune manière avec le Conseil national de transition», a affirmé M. Gheriani.

Selon lui, Moussa Koussa, qui a été chef des services de renseignements de Kadhafi avant de devenir ministre des Affaires étrangères, a du «sang sur les mains» et détient les pires secrets du régime.