Le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen a estimé qu'il n'y avait «pas de solution militaire» au conflit en Libye» et qu'il fallait une solution politique, dans le magazine Der Spiegel à paraître lundi.

À la question «Peut-on gagner cette guerre sans envoyer des troupes au sol?», M. Rasmussen a répondu: «La réponse sincère à cette question, c'est qu'il n'y a pas de solution militaire à ce conflit. Nous avons besoin d'une solution politique, et c'est l'affaire du peuple libyen d'oeuvrer en ce sens».

Mais «au bout du compte, ce sera l'affaire de l'ONU d'aider la Libye à trouver une solution politique à cette crise», a estimé M. Rasmussen. «L'intégralité territoriale de la Libye doit à tout prix être maintenue», a-t-il ajouté.

En ce qui concerne l'OTAN, «nous nous concentrons sur la mise en oeuvre de la résolution 1973» de l'ONU qui ordonne de protéger les civils libyens, et «nous allons nous en tenir strictement à cette résolution, c'est notre mandat», a dit M. Rasmussen.

Il a assuré n'avoir «pas le moindre problème avec les Allemands», même si l'Allemagne a refusé d'approuver les opérations militaires avalisées le 17 mars par le Conseil de sécurité de l'ONU pour soutenir les civils en Libye.

M. Rasmussen avait ensuite critiqué Berlin dans des termes peu courtois à l'OTAN et l'ambassadeur d'Allemagne avait protesté en quittant la salle.

Il y a à l'OTAN «beaucoup de réunions pendant lesquelles des gens entrent et sortent constamment. Ce qui compte, c'est qu'à la fin nous soyons d'accord», a dit M. Rasmussen au Spiegel.

Outre son abstention lors du vote de la résolution 1973 à l'ONU, l'Allemagne a soustrait quatre navires de guerre du commandement de l'OTAN après la décision de l'Alliance atlantique de faire respecter l'embargo sur les livraisons d'armes à la Libye.

Mais selon M. Rasmussen, «même si les Allemands se sont abstenus au Conseil de sécurité de l'ONU -ce qui est incompréhensible aux yeux de certains-, leur rôle dans les discussions à l'OTAN a été très constructif. Berlin n'a pas bloqué».

Il a même salué «la flexibilité des Allemands»: «Berlin s'est abstenu au Conseil de sécurité, mais a soutenu au sein de l'OTAN l'engagement en Libye et a endossé plus de responsabilités en Afghanistan», avec ses avions Awacs.

M. Rasmussen s'est aussi félicité que l'Allemagne soit prête à protéger militairement une mission humanitaire en Libye, comme annoncé vendredi.

Berlin applique ainsi une décision de l'Union européenne, qui s'est dite prête à déclencher une telle opération dès que le Bureau des Nations unies pour les Affaires humanitaires (OCHA) le demanderait.

Il ne s'agit «pas d'une volte-face», a insisté vendredi le porte-parole du gouvernement allemand.