Le fils du dirigeant Mouammar Kadhafi a affirmé que la victoire était «en vue» en Libye, où les forces loyalistes ont gagné du terrain dans leur progression vers l'Est tenu par les rebelles.

Seif al-Islam s'est exprimé après le début d'une réunion de 48 heures entre l'Otan et l'Union européenne à Bruxelles sur les moyens, y compris militaires, pour mettre un terme à la crise en Libye.

«J'adresse un message à nos frères et nos proches à l'Est qui nous envoient chaque jour des appels à l'aide (...) : nous arrivons!», a-t-il dit devant des centaines de jeunes en délire.

S'adressant aux insurgés, il a indiqué que l'Otan, Washington, Paris ou Londres n'allaient «leur servir à rien», martelant: «Je jure devant Dieu que nous allons gagner (...) La victoire est en vue».

Face aux attaques des forces loyalistes, le chef du Conseil national libyen, Moustafa Abdeljalil, dont la capture a été mise à prix par le régime, a lancé un appel à l'aide internationale, affirmant que sans celle-ci «Kadhafi anéantira» le pays. Il a notamment réclamé une zone d'exclusion aérienne pour empêcher les raids.

Dans l'après-midi, les insurgés fuyaient Ras Lanouf, base la plus avancée des insurgés dans l'Est, située à 650 km de la capitale, sous une pluie de roquettes et d'obus. Au moins quatre personnes y ont été tuées et 35 blessées, selon une source hospitalière.

La télévision d'État libyenne a annoncé que cette ville stratégique pétrolière avait été «purgée» des insurgés et que les forces pro-Kadhafi se dirigeaient vers Benghazi, fief de l'insurrection plus à l'Est.

«Nous sommes vaincus. Ils bombardent à coups d'obus et nous fuyons. Cela signifie qu'ils sont en train de reprendre Ras Lanouf», a reconnu un insurgé.

Par ailleurs, à quelques dizaines de kilomètres de là, Ben Jawad a été «complètement» nettoyé selon un officiel libyen.

À 40 km à l'ouest de Tripoli, Zawiyah était sous contrôle des pro-Kadhafi, après de violents combats, selon des témoins. Cette ville, qui abrite la principale raffinerie de pétrole alimentant la capitale et l'ouest du pays, était jusque-là le bastion des insurgés le plus proche de Tripoli.

En revanche, les rebelles continuaient de contrôler Misrata (150 km à l'est de Tripoli), et plusieurs villes du nord-ouest notamment dans la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi, selon des habitants.

Face la situation dans le pays, touché depuis le 15 février par une révolte populaire contre Mouammar Khadafi qui se mue en guerre civile, l'Otan a indiqué se tenir prête à agir si elle en reçoit le mandat.

La France a de son côté annoncé reconnaître le Conseil national de transition (CNT), mis en place par les représentants de l'insurrection et basé à Benghazi, comme le seul «représentant légitime du peuple libyen».

Le président français, Nicolas Sarkozy, et le Premier ministre britannique, David Cameron, ont demandé dans un courrier commun à l'Union européenne de considérer le CNT comme «un interlocuteur politique valable», estimant que «Kadhafi et sa clique doivent partir».

Ils se sont par ailleurs dits «prêts à apporter un soutien dans toutes les éventualités»: «ceci pourrait inclure une zone d'exclusion aérienne».

La Maison Blanche a, elle, indiqué que les États-Unis avaient établi un «contact direct» avec l'opposition. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton va rencontrer ses représentants lors de son voyage en Egypte et en Tunisie la semaine prochaine.

Les monarchies arabes du Golfe ont estimé pour leur part que le régime du colonel Kadhafi était «illégitime» et que des contacts devaient être établis avec les insurgés.

Saluant la décision de la France devenue le premier pays à le reconnaître comme seule autorité légitime en Libye, le CNT a invité les autres pays de l'UE à suivre son exemple.

La décision française a en revanche suscité des réactions «réservées voire négatives» de la part de nombreux ministres des Affaires étrangères réunis à Bruxelles pour discuter de la Libye, selon le ministre belge Steven Vanackere.

Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a affirmé de son côté que la décision de la France était «illégitime et illégale» et que «si le gouvernement français persistait», la Libye «rompr(ait) (ses) relations diplomatiques».

À Tripoli, en dépit de sanctions renforcées jeudi de l'UE et d'une enquête pour crimes contre l'humanité qui le visent, Mouammar Kadhafi est resté imperturbable. Le New York Times a affirmé qu'il disposait de «dizaines de milliards» de dollars en liquide cachés à Tripoli, ce qui lui permettait de combattre l'insurrection en dépit du gel international des avoirs libyens.

Pour le président du Comité international de la Croix-Rouge, Jakob Kellenberger, il faut se «préparer au pire», alors que les combats ont fait des centaines de morts et poussé à la fuite près de 200.000 personnes.

Les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient envoyer des équipes humanitaires dans l'est de la Libye.

Trois soldats néerlandais étaient par ailleurs en passe d'être libérés par le régime libyen après une détention de deux semaines.

Sur le plan économique, les exportations libyennes de pétrole sont tombées «bien en dessous» de 500 000 barils par jour, contre 1,2 million en temps normal, a annoncé l'Agence internationale de l'énergie.