Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, a indiqué jeudi qu'il se préparait au «pire» en Libye, évoquant une «guerre civile».

«Nous devons nous préparer au pire», a déclaré M. Kellenberger, lors d'une conférence de presse à Genève, soulignant n'avoir «aucun problème» à utiliser le «terme de guerre civile.»

«Nous devons toujours nous préparer au pire. Dans ce cas spécifique, nous devons nous préparer à une intensification des combats», a-t-il insisté.

«Je crois comprendre maintenant que nous avons maintenant un conflit armé non international», a-t-il ajouté.

«Nous voyons un nombre accru de civils blessés arriver dans les hôpitaux et nous sommes très inquiets» a insisté M. Kellenberger.

Citant des témoignages de médecins locaux, il a notamment fait état «d'une forte augmentation du nombre de blessés» arrivant dans les hôpitaux d'Ajdabiya (est) et Misrata (ouest).

Une équipe du CICR à Ajdabiya a fait état de 55 personnés blessés amenées à l'hôpital cette semaine. En outre, 40 patients ont été traités dans un centre médical à Misrata où 22 cadavres ont été également amenés, selon le CICR citant des «sources sûres».

M. Kellenberger a souligné que le nombre de réfugiés quittant la Libye et le nombre de personnes déplacées pourrait encore s'accroître si les combats s'intensifient.

Il s'est aussi s'est déclaré «très déçu» de ne pas avoir encore obtenu l'accès à la partie occidentale du pays contrôlée par les forces pro-Kadhafi.

«Il est inacceptable que 24 jours après le début des combats une grande partie du pays reste coupé de toute aide humanitaire» s'est-il indigné.

«Il serait faux de dire que nous n'avons pas eu des discussions avec des dirigeants de Tripoli, moi-même j'ai parlé à quelqu'un d'assez proche du pouvoir», mais sans résultat a-t-il reconnu.

«Nous avons fait des efforts pour obtenir l'accès et nous n'avons pas réussi» a-t-il regretté.

«On m'a dit que tout était sous contrôle, que les hôpitaux travaillaient parfaitement bien et qu'il n'y avait nul besoin d'aide internationale» a-t-il dit.

«Nous sommes inquiets» a-t-il réitéré, relevant que circulaient beaucoup de rumeurs et d'informations contradictoires sur la situation en Libye.

Il a souligné combien il était «important de pouvoir se rendre sur place et d'évaluer la situation par nous-même».

Le chef du CICR a rappelé que «dans un conflit armé, les parties concernées doivent toujours faire la distinction entre cibles civiles et militaires».

«Il est interdit d'attaquer les civils. Répandre la terreur parmi la population est interdit. Les malades et les blessés de tous bords doivent être soignés et les installations médicales, les ambulances et le personnel doivent être respectés et protégés» a-t-il martelé.