La mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye recueille de plus en plus de soutiens y compris dans le monde arabe, alors que l'insurrection était visée par de nouveaux raids mardi, au début de la 4e semaine de la révolte.

Après les monarchies arabes du Golfe lundi, c'est l'Organisation de la conférence islamique (OCI) qui s'est déclarée mardi favorable à l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, pour empêcher les bombardements contre les insurgés.

«Nous nous joignons à ceux qui demandent l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne et demandons au Conseil de sécurité (de l'Onu) de prendre ses responsabilités en ce sens», a déclaré le chef de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, tout en réaffirmant son opposition à une intervention militaire directe en Libye.

L'OCI est formée de 57 pays comptant plus d'un milliard de musulmans.

Lundi soir, les pays du Conseil de coopération du Golfe (Émirats, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, sultanat d'Oman et Bahreïn) se sont eux aussi déclarés favorables à une telle opération «pour protéger les civils».

La France et la Grande-Bretagne travaillent sur un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU imposant une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, qu'ils veulent présenter dès cette semaine, selon des diplomates.

L'adoption d'une telle résolution semble cependant délicate, selon une autre source diplomatique, en raison de la réticence de certains pays, comme la Chine et surtout la Russie.

Sur le terrain, les raids aériens quotidiens de l'aviation libyenne se poursuivaient, notamment sur la ville pétrolière de Ras Lanouf, base la plus avancée de l'opposition dans l'Est libyen.

Un avion de chasse a mené mardi matin une attaque dans le désert, à l'est du port pétrolier, provoquant un énorme nuage de fumée grise, selon un journaliste de l'AFP.

Il n'était pas possible de déterminer dans l'immédiat s'il y avait des victimes ou des dégâts.

Le missile est apparemment tombé à environ 8 km à l'est de ce site stratégique situé à environ 300 km au sud-ouest du siège de l'opposition à Benghazi et contrôlé depuis vendredi par les insurgés qui luttent contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.

L'aviation libyenne vise les positions des insurgés dans l'Est du pays, essentiellement sur la ligne de front mais aussi à Brega et Ajdabiya, verrous stratégiques vers Benghazi.

La plupart des attaques ont manqué leur cible, mais lundi, un père et son fils, qui fuyaient les combats, ont été blessés par un tir aérien à Ras Lanouf.

À l'Ouest de Tripoli, l'opposition libyenne contrôlait mardi Zenten, 120 km au sud-ouest de la capitale, mais la ville était encerclée par les forces pro-Kadhafi, a indiqué un Français sur place depuis plusieurs jours, affirmant que les opposants contrôlent toutes les villes jusqu'à Nalout, près de la frontière tunisienne.

«La semaine dernière, l'eau et l'électricité avaient été coupés, mais les opposants ont réussi à tout remettre en marche,» a indiqué ce Français par téléphone, précisant avoir vu plusieurs corps après des combats dimanche.

Les Occidentaux vont se concerter les 10 et 11 mars à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'Union européenne sur la crise en Libye, pour tenter de faciliter l'éviction de Mouammar Kadhafi sans enfreindre la légalité internationale ni déstabiliser la région.

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a confirmé lundi que l'alliance militaire examinait tous les scénarios pour être prête à agir mais il a tenu à préciser qu'elle n'interviendrait pas en Libye sans mandat de l'ONU.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait avancé le 25 février un bilan de plus de 1 000 morts depuis le début de l'insurrection le 15 février.

Plus de 191 000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10 000 personnes déplacées se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l'ONU.