L'insurrection libyenne a annoncé mardi la création d'un conseil militaire à Benghazi, dans l'est, embryon d'une future armée que l'opposition peine encore à étendre aux autres villes de l'ouest et de l'est qu'ils contrôlent.

«Un conseil militaire a été créé la nuit dernière», a déclaré Salwa Bughaighi, une responsable de l'opposition à Benghazi, à 1 000 km à l'est de Tripoli.

La liste des membres de ce conseil n'a pas encore été totalement définie mais le général Abdel Fatah Yunis, un ancien ministre du colonel Kadhafi qui a rejoint l'opposition, n'en fait pas partie.

Ce conseil doit à terme faire la liaison avec des organisations similaires dans les autres villes «libérées» du pays.

Selon Fathi Tirbil, un avocat respecté et membre de l'opposition, «il y a encore des réserves sur certains noms». «Nous essayons de favoriser les officiers qui ont commencé la révolution dès le départ», dit-il.

Des officiers ralliés à la cause anti-Kadhafi évoquent depuis plusieurs jours une marche ou des opérations de soutien aux opposants de Tripoli.

Mais le général Ahmed Qatrani, chargé de la gestion des forces militaires à Benghazi, a exclu une telle idée.

«Tripoli est pris en otage. Nous sommes en contact avec les opposants là-bas, mais ils nous demandent de ne rien faire. Ils disent être capables» de mener eux-mêmes l'insurrection, explique le général Qatrani, qui n'a pas encore été nommé dans le conseil militaire, selon Mme Bughaighi.

Les militaires à Benghazi tentent de conseiller les insurgés à l'ouest sur la manière de lutter contre les forces pro-Kadhafi.

L'armée régulière a été très affaiblie par le colonel Kadhafi qui craignait des coups d'État au profit de milices armées.

Des soldats et des civils se sont portés volontaires pour se rendre à Tripoli via le désert après avoir reçu un entraînement à Benghazi.

«Ils apportent leur expérience à Tripoli», selon le général Qatrani. L'opposition n'a cependant pas toujours de nouvelles de ces hommes, parfois partis non armés.

«Ils en ont attrapé 40 à Syrte et en ont tué 18», dit Motaz Souleiman, un des responsables du centre de «recrutement» de volontaires.

D'autres volontaires ont réussi à atteindre Tripoli, et un millier ont gagné l'ouest du pays, selon ce centre.

Dans le même temps, des médecins de Benghazi cherchaient à évacuer des dizaines de blessés graves vers l'étranger, a indiqué mardi un responsable des services de santé.

Au moins 250 personnes, selon ce responsable, ont été tuées à Benghazi dans les affrontements avec les forces pro-Kadhafi. Mais les hôpitaux sont incapables de donner un bilan définitif des morts, plus d'une semaine après la libération de la ville.

Après 15 jours de contestation, l'opposition contrôle tout l'est et de nombreuses villes de l'ouest, Tripoli et ses environs restant sous le contrôle des forces pro-Kadhafi.