Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi à l'unanimité une résolution imposant des sanctions sévères au colonel Mouammar Kadhafi, à sa famille et à des proches du régime.

Parmi ces sanctions adoptées par les quinze Etats membres, figurent notamment un embargo sur la vente d'armes et de matériels connexes à la Libye et une interdiction de voyager sur le sol des Etats membres concernant seize personnes, dont Mouammar Kadhafi, sept fils et sa fille et des personnes intimement liées au régime.

Par cette résolution, les membres du Conseil de sécurité considèrent que «les attaques systématiques» contre la population civile en Libye actuellement en cours «peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité».

Le Conseil de sécurité a décidé de transférer au procureur à la Cour pénale internationale (CPI) «la situation en Libye depuis le 15 février» et demande aux autorités libyennes de «coopérer pleinement» avec le tribunal.

Cette mesure a fait l'objet de longues discussions entre les États membres, certains ayant soulevé des objections, selon des diplomates.

Les membres du Conseil demandent en outre la fin immédiate des violences et que des mesures soient prises pour répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen. Il exhorte les autorités libyennes à agir «avec la plus grande retenue», à «assurer la sécurité de tous les étrangers», à «assurer le passage sûr des fournitures humanitaires et médicales» et à «lever immédiatement toutes les restrictions sur toutes les formes de médias».

Les États membres ont enfin décidé d'imposer un gel des avoirs financiers concernant le colonel Kadhafi, quatre de ses fils et un proche du régime.

Le vote a eu lieu en présence du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

L'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant a souligné que la résolution adressait «un signal puissant de la détermination de la communauté internationale de se tenir aux côtés du peuple de Libye».

L'ambassadrice américaine Susan Rice a quant à elle souligné que la communauté internationale avait parlé samedi «d'une seule voix». «C'est un clair avertissement aux autorités libyennes sur le fait qu'elles doivent arrêter les violences», a-t-elle ajouté.

L'ambassadeur de France Gérard Araud a relevé que «l'impunité n'est plus une option». Il a salué le vote de la résolution «qui, nous l'espérons, va ouvrir une nouvelle ère pour la communauté internationale».

M. Ban Ki-moon a dit que la résolution «envoie un message fort sur le fait que les crimes ne seront pas tolérés». «J'espère que le message sera entendu» à Tripoli, a-t-il dit.

Le projet de saisir la CPI pour crimes contre l'humanité ne faisait pas l'unanimité. Selon des diplomates, la Chine, la Russie, l'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil et le Portugal avaient soulevé des objections.

Le recours à la CPI était d'autant plus discuté que six États du Conseil de sécurité n'en sont pas membres, dont les États-Unis, la Chine et la Russie.

L'ambassadeur de Libye à l'ONU, Abdurrahman Shalgam, ancien ministre des Affaires étrangères du pays, avait cependant fait parvenir une lettre samedi au Conseil de sécurité dans laquelle il déclarait soutenir le recours à la CPI.

Après le vote, l'ambassadeur a souligné que le régime libyen n'avait «plus aucune légitimité». «Cette résolution sera un signal pour mettre fin à ce régime fasciste qui existe encore à Tripoli», a-t-il dit.

S'agissant de l'embargo sur les armes, il concerne toutes les ventes et tous les transferts de toutes les catégories d'armes et de munitions de même que toute assistance dans le domaine militaire à la Libye.

Vendredi, M. Ban Ki-moon avait estimé qu'il était temps pour le Conseil de prendre des mesures «concrètes» concernant la Libye. «Une perte de temps signifie une perte en vies humaines», avait-il dit.