Les États-Unis se sont prononcés jeudi en faveur d'une prolongation en 2019 de la résolution de l'ONU autorisant l'acheminement d'une aide humanitaire en Syrie à travers les frontières et les lignes de front, mais la Russie a dénoncé un mécanisme dévoyé nécessitant une « refonte ».

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité, Reena Ghelani, du département des Affaires humanitaires de l'ONU, a plaidé pour un renouvellement pour un an de cette résolution expirant le 10 janvier et pour laquelle des négociations vont bientôt débuter.

« Actuellement, quelque 4,3 millions de personnes ayant besoin d'aide vivent dans des zones non contrôlées par le gouvernement ». « Ceci inclut près de trois millions de personnes qui ne peuvent être atteintes autrement que par des opérations transfrontalières », a souligné la responsable de l'ONU.

« Le renouvellement de la résolution du Conseil de sécurité permettrait de continuer à sauver des vies. Des millions de gens dépendent de votre décision », a-t-elle ajouté, assurant que « chaque camion était contrôlé pour s'assurer qu'il ne contient que des articles humanitaires ».

« Il y a des preuves indiquant qu'une partie de l'assistance humanitaire est volée et contrôlée à Idleb par le groupe terroriste Jabhat al-Nosra et ses satellites », a affirmé de son côté l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dimitri Polyanski. « Ces groupes revendent ensuite cette assistance le long de la ligne de front », a-t-il ajouté.

« La situation sur le terrain a fortement changé » et « implique une refonte du mécanisme transfrontalier », a estimé sans autre détail le diplomate russe, en allusion à la reprise cette année de territoires par l'armée syrienne avec le soutien de Moscou.

Européens et Américains souhaitent pour leur part la prolongation en 2019 de l'autorisation de l'ONU qui permet de s'affranchir d'une éventuelle opposition du régime ou de rebelles pour nourrir et soigner des civils.

« Les États-Unis soutiennent fortement le renouvellement de la résolution 2165 pour 12 mois supplémentaires », a dit l'ambassadeur des États-Unis adjoint à l'ONU, Jonathan Cohen. « Il n'y a actuellement pas d'autre alternative crédible pour atteindre ces populations », a-t-il souligné. Le soutien fourni par les autorités syriennes n'est pas le même partout, a aussi dénoncé le diplomate, pour qui le régime tente « de punir » des communautés considérées comme ayant manqué de loyauté pendant la guerre à l'égard des autorités.

La première résolution sur l'aide transfrontalière avait été adoptée à l'unanimité en 2014. Il y a un an, elle n'avait été approuvée que par 12 des 15 voix du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine (deux pays dotés d'un droit de veto), ainsi que la Bolivie s'abstenant.